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krik-SidoBonjour Victor et Mickael, vous êtes créatifs chez Buzzman, quel ont été vos parcours pro/ vos études ?

Mickael :
J’ai obtenu un Bachelor en publicité à l’ESP. Je ne suis pas sûr que ce diplôme soit d’une grande valeur mais la formation que j’ai reçu ne se limitait pas à apprendre comment faire une campagne. Au delà de m’apprendre un métier, les enseignants m’ont transmis leur passion. Je voulais bosser en agence alors j’ai commencé par un stage chez DDB Paris au service commercial, puis Bérengère Mangin m’a offert mon premier job comme chef de publicité chez La Chose. J’ai beaucoup appris, on m’a donné tout de suite beaucoup de responsabilités, mais au bout de quelques mois je me suis rendu compte que je ne voulais pas seulement vendre des idées et suivre les prod, j’avais envie de réfléchir avec les créatifs.

Du coup le soir j’allais les voir et je leur demandais leurs briefs. Et puis un jour Pascal Grégoire, le directeur de la création et patron de l’agence m’a proposé un bureau à la création. J’ai fait de très belles rencontres dont celle de Victor, avec qui je me suis tout de suite très bien entendu. On passait pas mal de temps ensemble, il m’a appris plein de choses et m’a fait progresser. Un jour on s’est dit qu’on devrait essayer de bosser ensemble, et comme il me parlait souvent de Georges et que j’avais très envie de bosser avec lui, on est allé le voir pour bosser en team chez Buzzman.

Victor :
Fac en science politique à la Sorbonne. J’ai arrêté avant la fin car je trouvais ça beaucoup trop théorique, je n’avais aucune idée de ce à quoi ça pouvait me conduire. Donc j’ai fait des stages au début dans le journalisme, j’ai bossé à l’Agence France Presse à Moscou car j’avais envie de partir à Moscou avec un pote. Et effectivement on a surtout passé 5 mois à sortir en boite et à boire de la vodka matin et soir.
J’ai d’ailleurs une anecdote véridique : La première semaine où j’arrive le patron local de l’AFP me dit que je vais devoir aller assister à une conférence de presse pour prendre des notes et écrire une dépêche. J’étais hyper excité, je me prenais trop pour Tintin ou Albert Londres. Et là il m’envoie aux Alcooliques Anonymes de Russie ! Ils fêtaient leurs 20 ans. Imaginez une vingtaine de russe anciens alcooliques dans une salle des fêtes soviétique avec des tables à tréteaux qui t’expliquent que pendant 20 ans ils ont pas réussi à luter contre l’alcoolisme car on les prenait pour des agents de la CIA.

Depuis combien d’années travailles-tu dans le milieu de la publicité ?
Victor : 6 ans
Mickael : 5 ans

Tu as hésité a faire de la pub ?
Mickael :
À l’âge de 14-15 ans je me souviens avoir pris une petite claque devant un film Volkswagen et comme beaucoup de monde j’adorais regarder Culture Pub, mais pour être tout à fait honnête, je ne me souciais pas trop de mon avenir à cette époque. Je ne savais pas vraiment quelles études je voulais faire jusqu’au jour où mon ami d’enfance John Salmona, qui était dans une école de publicité, m’a raconté ses cours. Je me souviens qu’il devait faire une annonce presse pour un tube de colle UHU. C’est la première fois que j’ai eu envie d’aider un pote à faire ses devoirs et c’est vraiment à ce moment là que je me suis dit que je voulais bosser dans la publicité.

Victor :
Oui j’ai hésité avec le journalisme, j’avais été pris dans une école assez réputée à Paris. Et au même moment Georges qui avait créé Buzzman depuis peu m’a accepté en stage. Il m’a demandé de le retrouver dans un bar PMU en face de chez lui, on a discuté et j’ai tout de suite senti qu’il était un peu taré et pas très « corporate », c’est ça qui m’a plu. Alors j’ai pas trop réfléchi ça m’avait l’air plus cool que le journalisme et y avait moins de concurrents. Des étudiants en journalisme j’avais l’impression qu’il y’en avait 100 000 autour de moi, ça me faisait flipper.

Tu travailles avec qui et sur quoi ?
Victor :
J’ai rencontré Mickael chez La Chose et je suis reparti avec lui chez Buzzman il y a 2 ans.
Chez Buzzman on a bossé principalement sur Burger King et Canalplay et sur pas mal de compètes.

Parles nous de deux trois choses que tu as faites :
Victor :
Chez la Chose je suis très content de ce qu’on a fait sur Amnesty (big up à Guillaume Ganty d’ailleurs avec qui je bossais avant)

La première fois que j’ai bossé avec un réal un peu connu et réputé c’était grâce à Nicolas Buisset le producteur de la Chose qui avait réussi à trouver Luis Gerard (un très bon réal portoricain) alors qu’on avait un budget minuscule. On a réussi à faire un film qui a des petits défauts (il est trop long) mais que j’aime beaucoup.

Mickael :
Mon premier film qui a aussi des défauts (la signature notamment) mais c’était pour Amnesty International, c’était mon premier brief, mes premiers prix. Je n’oublierai jamais quand Nicolas Buisset m’a dit que Claude Fayolle le producteur de Wanda et le réalisateur Wilfrid Brimo avaient envie de faire mon film.

Autre chose qui n’est pas une campagne. Avec Victor on s’était amusé à créer des jeux pour iPhone. Celui que j’ai préféré faire s’appelait Pizza Driver. Le but du jeu était simple, livrer le plus de pizzas possible dans un temps imparti, et chaque jour on livrait une vraie pizza à celui qui faisait le meilleur score. On a livré des pizzas à New York, en Italie et même dans un camp de gitans perdu en plein milieu de la France à coté de Strasbourg. Le mec nous a envoyé une photo de sa pizza depuis sa caravane ! Du coup on la met ici, on lui fait une dédicace, on espère que tu kiffes bien dans ta caravane.

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Victor et Mickael :
Chez Buzzman on a vraiment pris du plaisir, on a fait des trucs comme le lancement d’une marque de café pour Canalplay

ou les bâches de travaux pour Burger King, qui ont très bien marché sur twitter et facebook
https://twitter.com/BurgerKingFR/status/550335845518303232

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Et enfin notre dernière campagne, Whopper MoveOut qui a été super longue à vendre. Je pense qu’il s’est passé quasiment 18 mois entre le jour on a raconté l’idée à Burger King et le jour où c’est sorti. Donc merci Georges qui a rien lâché !

Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des projets ?
Oui, on a toujours eu envie de lancer des boites, c’est un truc qui nous excite depuis longtemps. Alors on a décidé de se lancer pour de bon et d’arrêter la pub pour lancer ce qu’on appelle une startup. On part un peu à l’aventure, on se dit que créer une boite c’est la forme ultime de créativité et qu’il faut à tout prix qu’on essaye.

 Vous allez faire quoi comme start up? 
On attend un petit peu, on est bientôt prêts mais il nous reste encore des trucs à régler, on veut pas que ça nous porte l’œil. Dans les grandes lignes on crée un service en ligne, quelque chose qui va aider les gens dans un secteur où nous n’avons pour l’instant absolument aucune légitimité ! C’est ça qui est marrant, on est obligé d’apprendre plein de trucs.

Vous ne regrettez pas de ne pas avoir eu d’expérience dans une ‘grosse agence’ de pub ?
Non pas particulièrement

Dans ton métier quel est ton meilleur souvenir ? et le pire ?
Victor :
Le meilleur c’est un séminaire à Marrakech chez Buzzman il y a 6 ans quand j’étais stagiaire. Déjà que Buzzman organise un séminaire en soi c’est drôle. Mais en plus de ça Georges n’avait pas pu venir pour je ne sais plus quelle raison. Et du coup il nous avait laissé partir sans lui mais avec sa carte bleue. On était comme une colo de 15 ados mais sans monos et avec une carte bleue, je te laisse imaginer.

Le pire souvenir c’est quand tu t’attends à faire une campagne qui défonce et que quand tu vois le premier montage tu t’aperçois que ça va être totalement merdique.

Mickael :
Moi c’est les 20 premières secondes quand tu viens d’apprendre que tu as gagné une compète. Tu penses tout de suite aux campagnes qui vont sortir et tu es dans un état second pendant deux ou trois minutes. En fait c’est assez indescriptible, il se passe vraiment quelque chose d’étrange… Un peu comme ça :

Et les pots de départs sont évidemment les pires souvenirs…

Le truc qui t’as fait le plus halluciner ? que tu ne pensais pas faire un jour ?
Faire une pub avec John Malkovich alors qu’au départ on devait prendre un mec inconnu sur casting.

Quelles sont  les pubs qui t’ont le plus marquées ?
Victor :
J’aime beaucoup les accroches de prints américains des années 60-80 qu’on peut retrouver dans The Copy Book. J’adore ce livre car quand je l’ai lu pour la première fois il m’a fait comprendre pas mal de trucs sur le niveau d’une bonne accroche.
http://www.amazon.com/D-AD-The-Copy-Book/dp/3836528320

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Et sinon tout ce qu’à fait le Crispin époque Bogusky et tout Droga.

Mickael :

La première campagne qui m’a marqué c’est donc ce film pour Volkswagen :

J’aime aussi ces campagnes qui ont fait le tour du monde parce qu’elles sont brillantes et non parce que l’annonceur a investi des millions sur YouTube :
– The best job in the world :

– Whopper Sacrifice :

J’ai également adoré cette campagne géniale pour inciter les brésiliens à donner leur sang :

Il y a des modèles de créatifs dans la publicité ? des gens qui t’inspirent ?
Victor :
À part David Droga principalement Romain Repellin et Régis Boulanger. D’anciens compères qui sont maintenant chez Ogilvy Paris.

Mickael :
Régis et Romain m’inspirent beaucoup également, mais aussi Julien Levilain, Mathieu Dubray et Guillaume Rebbot. J’en profite pour les embrasser.
J’admire aussi beaucoup Mark Fitzloff. Je crois que ce mec a bossé sur toutes les meilleures campagnes du monde.

Et en dehors de la pub ?
Victor : On aime beaucoup les entrepreneurs qui créent des services ou des produits innovants, on essaye de comprendre comment ils font, comment ils commencent au début. Car c’est ça le plus dur, lancer un produit quand personne te connait et que t’es pas riche. On est tout le temps sur Techcrunch ou Product Hunt pour voir ce qui se fait. Elon Musk, Peter Thiel, tous ces mecs là sont à des années lumières dans le futur. En France j’admire beaucoup Bolloré qui a eu les c**** de faire Autolib. Pour moi c’est une énorme fierté de rouler en Autolib, j’ai l’impression que sur ce coup là on a été beaucoup plus fort que les américains.

Sinon j’aime bien les mecs qui s’attaquent à des secteurs improbables dont tout le monde se fout et qui du coup trouvent des idées de génie. Une startup suédoise a créé un service qui permet aux éboueurs en camion de s’arrêter uniquement quand une poubelle est pleine. Les conducteurs ont une app dans leur camion qui leur dit « arrête toi là, t’arrête pas là ». Du coup ils font des économies d’essence et de temps. Je trouve ça génial.

Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
Ça ne fait pas assez longtemps, un peu difficile de dire quelque chose de pertinent là dessus. Mais il y a 6-7 ans on a l’impression que tu pouvais impressionner tout le monde avec un gros site en flash ou une bannière, maintenant c’est un peu plus compliqué. C’est même plutôt l’inverse, tu peux choper un lion avec un post facebook qui a été écrit en 12 mots par un community manager mais qui a généré 100 000 likes.

Tu penses que le milieu va évoluer de quelle manière ?
Mickael :
Je suis très optimiste on verra certainement des évolutions de supports comme quand le mobile est arrivé mais je pense qu’il y aura toujours de la place pour la bonne création en print, en film, en promo ou en rp.

Victor :
Je pense que la pub va devenir de plus en plus un truc de « public relations ». Faire réagir les gens, faire discuter, que ce soit avec un spot TV ou un tweet.
J’espère que je serais cité un jour dans CB News avec cette phrase.

Si tu commençais la pub aujourd’hui, tu irais ou ?
Victor et Mickael :
Buzzman

Que dirais-tu a un team de stagiaire qui veut percer dans le milieu publicitaire ?

Victor :
Le pire budget du monde est souvent l’occasion de faire la meilleure campagne du monde.

Mickael :
De ne pas avoir peur de demander des briefs et d’oser raconter ses idées.