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Bonjour Loïc, tu es le C.E.O. de Brand Station, quel a été ton parcours ?
J’ai un parcours pour le moins atypique puisque, après avoir grandi à Montélimar,  j’ai fait l’institut Ingémédia (vers 2006), où j’ai notamment appris le webdesign, le motion design et surtout le code. J’étais bien plus voué à lancer des applications de par ma formation qu’a finir dans la pub. Mais ce secteur me passionnait depuis tout petit.

Et tu sais encore coder ?
Malheureusement non, je gagnerais beaucoup mieux ma vie !

Depuis combien d’années travailles-tu dans le milieu de la publicité ?
J’ai découvert le métier en mars 2009 chez Noyz (Dentsu Aegis), l’une des premières agences de social media en France, où j’avais effectué un stage de 6 mois en tant que Community Manager. J’y gérais à l’époque tout le pan influence/RP ainsi que la création de Brand Content pour de très belles marques (adidas originals, BMW, Philips, SFR, etc). Je mêlais donc comme beaucoup de CM à l’époque des aspects créatifs, stratégiques et de déploiement des campagnes. Je pense que c’était une des meilleures écoles possibles pour débuter.
J’y suis resté 3 ans, j’ai rapidement pris un poste de planneur stratégique (car je faisais des belles slides) et ensuite un poste de responsable commercial et développement car il semblerait que je ne sois pas mauvais pour vendre une strat’ et une idée.

J’ai ensuite rejoins Marcel (Publicis) où j’ai pris la tête du département Social Media. Ce poste a par la suite été divisé en deux avec un Directeur de Création Social Media et un Directeur des Stratégies Social Media. Il y avait donc un gros volet créa, sur l’ensemble des comptes de l’agence mais aussi sur chaque appel d’offre. J’ai énormément bossé pendant un an mais surtout appris aux côtés d’Anne de Maupeou, Eric Jannon et Dimitri Guerassimov.
Et j’ai vraiment appris ce qu’était la stratégie, le branding, la pub grâce à Olivier Sebag qui est un peu mon papa dans le métier. J’ai rapidement (après 6 mois) intégré le board de Marcel. Après ça j’ai rejoins Buzzman où j’ai beaucoup appris des méthodes de Georges qui est l’un des plus grands publicitaires de sa génération pour moi. Après quelques mois passés là bas, j’ai décidé de monter ma propre agence.
C’était il y a 5 ans, et je bosse depuis 10 ans du coup pour répondre à ta question.

As-tu hésité à faire de la pub, tu aurais fait quoi à la place ?
Je n’ai jamais hésité à l’époque. C’était ça ou rien. Si c’était à refaire, je ferais sûrement médecine.

Tu travailles sur quels budgets ?
On bosse sur beaucoup de très belles marques à l’agence, on a cette chance d’avoir accompagné Oreo, Lego, Milka, Mercury (Metallica), Disney, Cadum, Florette, Danette, Volvic, etc

Nos clients sont principalement des FMCGs (marques de grande consommation), mais ça tend à évoluer puisque on est de plus en plus consultés sur de la mode, du luxe, de la banque et du service en général.

Tu fais quoi pour ces marques ? du social media principalement ?
Au début c’était ça. On s’est développé la dessus car les grosses agences ne s’y intéressaient pas ou étaient à la ramasse totale. Du coup c’était ultra simple de rentrer chez les marques par ce biais. Aujourd’hui on gère plus de 50% de nos marques sur la totalité de leurs problématiques, de la définition de la plateforme de marque à la pub TV en passant par le social media.

Parles nous de 2-3 choses que tu as faites :
Je vais forcément te parler des Chaussons Lego, notre plus belle campagne et la campagne française qui je pense a généré le plus de RP à l’international. On ne comprenait même plus ce qui se passait, mon téléphone sonnait au bureau avec des numéros de New-York. Des journalistes du monde entier avaient choppé notre numéro et cherchaient à obtenir les chaussons. On n’a malheureusement jamais eu le droit d’inscrire la campagne à des festivals, je pense qu’on aurait gagné quelques lions.

L’autre grosse campagne de l’agence, c’est Milka Biscuit Saga. Il faut être calé en technique et se pencher un peu sur le case study pour se rendre compte de la prouesse technique que représente cette campagne. Un an de R&D, des crises de nerfs, des paniques absolues pour sortir la première app au monde qui connectait jusqu’à 9 téléphones ou tablettes, qui permettait surtout pour la première fois au monde (à la différence d’un Google Race) que chaque terminal puisse en temps réel interagir sur la partie et que cela soit répliqué sur l’ensemble des autres téléphones. Surtout, on avait trouvé le moyen de connecter et de se faire « parler » des terminaux iOS et Androids.

J’évoquerai pour finir notre campagne Metallica qui a terminée finaliste de la catégorie Entertainment for Music aux Cannes Lions et nous a donc permis de nous illustrer pour la première fois et après seulement quatre années d’existence dans ce qui reste le plus grand concours international publicitaire.

Pour en savoir + :  http://www.brandstation.fr/

https://vimeo.com/brandstationparis

Tu as fait récemment un post sur l’éthique dans ta boite :


Les créas ne font vraiment pas de charrettes ?
Il se peut qu’il y ait une charette si nous avons une urgence sur un dossier. Cela arrive vraiment très rarement. Et quand c’est le cas, le créa quitte  le bureau aux alentours de 22H voir 23H grand max et dispose d’une journée entière de récup.
(NDLR : il y a une trentaine de salariés)

Pourquoi tu as instauré cette charte ? tu l’as mal vécu dans les agences avant ?
J’ai fait un burn-out lors d’un passage dans une très belle agence d’un grand groupe, ça m’a donné envie de prouver que la créativité ne naissait pas forcément du chaos. Mais j’ai surtout un jour déjeuné avec Gaël Clouzard (Il est journaliste chez Influencia) qui m’a très justement dit que la publicité était une forme de pouvoir tant elle était présente sur l’ensemble des médias.
Nous autres publicitaires pouvons  influer sur le comportement des gens. J’ai tendance à penser que du coup, il faut qu’on pratique ce métier en ayant conscience de ça, et en tentant dès qu’on le peut de le rendre le plus utile possible aux autres, aux causes qui le méritent.

Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des projets, des passions ?
J’ai en dehors de ça une énorme passion pour la politique, je pense me lancer un jour.
Je suis de gauche, mais ma gauche est à recréer, je ne me reconnais dans aucun parti actuel.
J’ai pas mal d’autres projets entrepreneuriaux, dont celui de monter un restaurant dans les prochains mois à proximité de nos nouveaux bureaux.
J’essaye de faire un maximum d’expos et de voyages dans le temps qu’il me reste.

Les employés y auront accès ou c’est séparé de Brand Station ?
L’idée ce serait d’avoir un espace juste en bas des nouveaux locaux de l’agence Boulevard des Capucines. Je garde encore un peu de mystère autour du concept. Et les équipes y mangeront gratuitement le midi oui. On finance des apéros de l’agence chaque vendredi pendant la ‘Creative Review’, c’est un truc auquel je tiens. Du coup il en sera de même pour les repas.

Quel est ton meilleur et pire souvenir ? Le truc qui t’as fait le plus halluciner ?
Mon meilleur souvenir c’est le gain du budget Mikado alors que nous n’étions que trois et que l’agence venait d’ouvrir ses portes. On avait pas mal creusé les comptes de l’agence et je me demandais si nous n’allions pas devoir fermer nos portes sous peu. C’est aussi mon pire souvenir puisque Studio Bagel avec qui nous devions monter la campagne nous a planté juste avant d’entrer en production, et on a donc perdu le budget aussi vite qu’on l’avait gagné.
Heureusement, nous avons gagné le budget Milka juste derrière et on a pu continuer d’exister.

Un regret sur ton parcours un truc que tu ferais différemment si possible ?
J’avais des associés au début avec qui ça ne s’est pas très bien passé. J’y ai perdu beaucoup de temps, d’énergie et de l’argent. Si c’était à refaire je me lancerai seul et beaucoup plus tôt (NDLR : il a créé son agence à 28 ans, il a y 5 ans et elle est 100% indépendante).
J’ai toujours eu envie de monter ma boîte.

Quelles sont les pubs que tu préfères, tes classiques ?
Il y en a énormément, ça mériterait un focus la dessus, donc je ne t’en citerai qu’une seule qui est celle qui
m’a donné envie de faire de la pub quand j’étais gamin : Sironimo.

 

Et sinon pour les plus récentes  ? :

HARRY’S A MAN LIKE YOU :

LA FORET de France 3:

https://lareclame.fr/publicisconseil-france3-laforet-188919

KID DREAM’S :

https://youtu.be/62XjfSDjahQ

ZOUAVE PONT DE L’ALMA

Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ? ou en dehors des gens qui t’inspirent ?
J’ai un profond respect pour Georges dont je parlais tout à l’heure et que j’admire, c’est un vrai modèle pour moi notamment pour ce qu’il a monté seul, sans aucun groupe ou network.
J’ai également une grande admiration pour le travail de Alexandre Hervé.
Et j’aimerais un jour arriver à convaincre Baptiste Clinet, Jeremie Bottiau ou Romain Pergeaux de nous rejoindre.

Et en dehors de la pub ?
Freddy, Amy, Wolfgang, Arthur, Victor.

Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
Le métier est encore plus dur, les budgets d’activation ont été réduits, ça devient vraiment compliqué de trouver un modèle économique équilibré entre les grosses machines qui ont locké les gros clients en 360 et les clients moyens qui te demandent de tout faire dans un budget restreint.

Le milieu publicitaire va évoluer de quelle manière ?
Il va continuer de se concentrer, les boites de conseil vont venir nous challenger de plus en plus, sans compter les régies qui internalisent la « créa » et disposent d’actifs (animateurs, émissions phares) dont elles se servent pour avoir des propositions clefs en main, intégrées et avec une puissance de feu en terme de reach et d’influence.
On a intérêt d’être encore plus créatif si on veut sortir du lot vu qu’on ne dispose pas d’outils propriétaires, de data ou d’actifs pour jouer à armes égales. L’idée n’a jamais été aussi importante.

Un conseil pour les stagiaires ?
Soyez passionnés, je vois trop de gens qui arrivent dans ce métier par défaut ou sans vraiment trop savoir pourquoi. Et c’est un métier où si tu n’es pas passionné, il ne se passe pas grand chose.