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marcedacunhalopes

Bonjour Marc, tu es photographe, quel a été ton parcours ?
J’ai toujours été passionné d’image. J’ai commencé à me faire la main sur des soft de 3D tout en étant au lycée. Après mon bac S j’ai attaqué la fac en biologie, objectif professeur de sciences naturelles. Je réalisais dans le même temps, après mes heures de cours, de illustrations pour la presse et l’édition, de quoi me faire un peu d’argent de poche.
Je faisais déjà un peu de montage numérique mais n’abordait pas vraiment la chose d’un point de vue photographique. Au moment de passer le concours pour être prof, j’ai plutôt décidé de tenter celui des Gobelins en photo. Après deux ans de formation et quelques stages je découvrais le milieu de la photographie, notamment celui de la photographie publicitaire. A ma sortie de l’école j’ai passé une année entre résidences et boulots d’illustration, le temps de monter un petit dossier à présenter aux agences. Ça s’est fait assez vite, premiers jobs de pub pour Saatchi et Tbwa. J’ai arrêté l’illustration pour me consacrer à la photographie à plein temps.

Depuis combien d’années travailles tu dans le milieu de la photo ?
Depuis fin 2005, cela fait donc 8 ans que je travaille en tant que photographe.

Tu as de la famille des contacts proches qui travaillaient dans ce milieu avant d’y entrer ?
Personne dans mon entourage ne travaille dans le milieu de la création. C’est un stage en seconde au Lycée qui m’a permis de découvrir le milieu créatif au sein d’une agence « multimedia » (on parlait surtout de CD-Rom interactif). J’ai pu y découvrir des métiers où les gens alliaient passion et profession.

Tu as hésité a faire de la photo ? qu’est ce qui t’as donné envie d’en faire ?
Le passage aux Gobelins était assez fortuit, j’ai envoyé mon dossier le dernier jour, en allant à 22h à la poste du Louvre pour déposer mon courrier. Je ne savais pas trop quoi faire, j’étais à la fac, je ne voulais plus être prof, je voulais continuer dans les arts appliqués mais vers quoi ?
Dans la vie les choses tiennent à peu de choses, des rencontres, des choix parfois rapides. Les Gobelins était pour moi une façon d’approfondir ma technique en photo mais je n’avais pas vraiment d’objectif professionnel précis. Ce sont la découverte de certains boulots de photographe, des rencontres pendant des stages qui m’ont réellement donnée envie de continuer sur cette voie. J’aurais très bien pu continuer l’illustration, voir aller vers la bande dessinée. Le cinéma m’intéressait aussi pas mal à l’époque, j’avais tenté la Fémis en même temps que les Gobelins. J’avais d’ailleurs une plus grande culture dans ces deux domaines qu’en photo.

Tu travailles avec qui et sur quoi ?
Je travaille essentiellement pour les agences de pub à Paris. Un peu toutes les agences en fonction des budgets qui se prêtent à mon style et mon savoir-faire. Dans ce cadre on travaille avec des équipes très variées : l’équipe créative d’agence, les producteurs, les décos, stylistes, model makers, coiffeurs, maquilleurs, assistants, retoucheurs, mon agent… On est très rarement seul à faire une image. En parallèle du boulot commercial je réalise depuis 2011 des séries plus personnelles que j’expose et vends en galerie.

Parles nous de deux trois images que tu as faites :
La campagne France Galop réalisée avec le directeur artistique Emmanuel Courteau chez Y&R a été une très belle expérience. On avait 5 visuels à produire pour la communication de 5 prix et évènements hippiques. Le budget n’était pas colossal alors que les créas étaient assez ambitieuses. On a alors du faire preuve de beaucoup d’astuce avec la production et le reste de l’équipe. 5 jours de shooting entre le centre de dressage de Mario Luraschi, différents hippodromes et des sites en extérieur. Le tout en plein hiver par 2°C. Les journées étaient découpées suivant un plan de « tournage » précis pour ne rien oublier et bien s’organiser pour ne pas perdre de temps.
La production a eu un rôle primordial pour que tout se passe bien et dans les temps. Pour l’image où le cheval est dans les backstage prêt à partir en course, le décor a été construit en partie sous un manège d’entrainement couvert pour permettre aux chevaux de venir poser. Les loges ont été construites et chaque scénette shootée indépendamment dans leur loge et réintégrée dans la compo finale. Les coursives en fond ont été réalisées en CGI. Le compositing global a été assez long pour que tout fonctionne parfaitement.

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Pour ma série La Chasse j’ai imaginé une vision de la chasse proche des jeux d’enfants. Un jeu de rôles, où les rôles se croisent, entre prédateur et proie, chasseur et chassé. La cohabitation des protagonistes de la série, des enfants et des animaux est au centre de la thématique. Les prothèses faciales des animaux sont elles-même faites de structures minérales d’origine animale faisant référence à une autre relation entre individus, le parasitisme. Les masques des enfants en cheveux font écho aux faces « absentes » des animaux, leur ressembler pour survivre à leur côtés.

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Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des centres d’intérêts ?
Assez peu de temps libre entre mon métier assez prenant et ma famille et mes deux enfants (assez prenants aussi). Je regarde beaucoup de films, près d’un par jour en moyenne, moins au cinéma qu’avant, mais beaucoup de choses plus anciennes ou que je n’ai pas le temps d’aller voir dans l’année en salle.

As tu des anecdotes sur la vie en studio ou la relation client ?
Un souvenir assez drôle de devoir aller comparer avec un client (une banque), les créatifs de l’agence et le déco, les tonalités du rouge de deux échantillons d’un tapis sur le vert de la pelouse devant l’agence pour savoir ce qui allait le mieux «vivre» avec un fond d’herbe. Pour devoir conclure après 30 minutes de débats «de toute façon on pourra le corriger en retouche »…

Dans ton métier quel est ton meilleur souvenir ? et le pire ?
qui t’as fait le plus halluciner ? que tu ne pensais pas faire un jour ?
On ne s’attend jamais à faire ce que l’on fait. Je ne pensais pas shooter un Vautour empaillée articulé qui sentait encore la bête morte, un requin en model making plus vrai que nature et un aquarium de 300 kg suspendu à 3 mètres du sol, un jockey également suspendu par un crochet de levage, une invasion de plastique sur une place de Normandie…

Quelle sont les photos qui t’ont le plus marquées ?
Celle que tu aurais aimé faire ?
De façon générale le travail de Gregory Crewdson, Philip Lorca Di Corcia, Jeff Wall , Stephen Shore, Gursky, et beaucoup d’autres.

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Gursky
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Jeff Wall

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Philip Lorca Di Corcia

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Stephen Shore

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Tu as des modèles créatifs, des gens qui t’inspirent ?
Finalement je trouve souvent plus d’inspiration dans le cinéma que dans la photo. Les films de Wes Anderson, Paul thomas Anderson, Jacques Audiard, des Frères Coen, David Lynch ou S. Kubrick sont autant d’inspirations que les photographes que je vous ai cités précédemment. Maintenant dans le style photographique j’essaye de trouver ma propre écriture en pratiquant régulièrement et en expérimentant.

Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
J’ai commencé à la toute fin de l’argentique, le workflow numérique s’est installé progressivement en 5 ans. Il s’est accompagné d’une nouvelle façon de fabriquer de la photo. Les comportements face aux écrans pendant les shoots permettent à tout le monde de donner son avis, ce qui peut parfois ralentir le shoot. Le photographe doit pouvoir garder le contrôle de sa production, le numérique doit le servir et ne pas entraver sa direction. C’est parfois l’inverse, il faut être vigilant par rapport à ce rôle du photographe sur une production. Le numérique a également entrainé une accélération des logiques de production, au delà de ce que cela devrait. L’accélération qui ne devait être que technique s’est propagé à l’ensemble de la phase de production au détriment parfois de la qualité de production. Cela dit on s’adapte aux conditions de travail et les choses arrivent tout de même à se faire avec le savoir faire combiné de tout le monde.

Que dirais-tu a un jeune qui veut percer dans le milieu de la photo ?
Ne pas hésiter à expérimenter, prendre des risques, quitte à rater les première fois. Ne pas hésiter à montrer son travail et écouter les critiques même si ça fait parfois mal à l’égo. Pour trouver sa place et son style il faut de la patience et du travail.

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Pour plus de Marc : http://www.marcdacunhalopes.com/

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