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Le temps qui passe et le parcours des gens m’intéresse, après 15 ans à naviguer dans les agences ou en freelance,
je pose un regard plus vaste sur ce que deviennent les créatifs avec qui j’ai commencé, ceux que j’ai croisés, ceux qui en partent, etc.
C’est donc le bon moment pour en faire un dossier : comment évolue-t-on dans la pub ?

Par Gregory Ferembach – Déc. 2023

PARTIE 3 : Que faire après la pub ?

La publicité est un secteur dans lequel on peut passer les 173 trimestres qui nous séparent de la retraite, mais la plupart des publicitaires (ici on s’intéresse surtout aux créatifs) passent moins que 43 années en agence, j’ai peu croisé de créas qui fêtent leur pot de départ à la retraite, souvent ils partent ailleurs, mais alors que font les créatifs après la pub ?

Si on trouve + de CR que de DA qui changent, c’est peut-être que les DA sont plus aptes à rester dans la ‘communication’ en tant que graphistes, photographes, typographe, designer, illustrateurs, réalisateurs, là ou les CR ont un peu moins de choix (scénariste, réalisateur).

Est-ce que ‘quitter la pub’ après 3 ans d’agence fait-il de vous un ‘ancien publicitaire’ qui change de carrière ?
Les agences peuvent-elles vous rendre malheureux et vous dégouter du milieu publicitaire ? Le cheval c’est génial ? Il y a-t-il mieux à faire dans la vie que promouvoir des yaourts pour la Madone ? Peut-on réduire la pub à la Madone ? Est-ce que si on ne réalise pas son rêve, on réalise celui des autres ? Le Covid a-t’il impacté les gens qui passent leurs journées devant un ordinateur ? Est-ce que c’est le moment ?
Autant de questions auxquelles cet article ne répond pas (quoique).

Dans cette série d’interviews vous trouverez les témoignages d’une ébéniste, Céline Lescure, un agent immobilier Pierre-Louis Messager, une plasticienne-céramiste Nadège Adatte, une comédienne, Alice Lobel, un Coach sportif Pierre-Antoine Dupin, une Hypnothérapeute Lessly Chmil et deux DC, Tashi Barucha et Stéphane Soussan, qui ont gardé un pied en agence.

Hello, j’ai travaillé une vingtaine d’années dans la pub : VMLYR, Australie , Herezie , DDB – j’ai fait ma reconversion dans le « bois » en suivant une formation et après un CAP d’ébénisterie j’ai créé ma société d’ébénisterie et de menuiserie sur mesure appelée Woodaho.

Aujourd’hui je dessine conçois fabrique des meubles et de l’agencement sur mesure chez des particuliers et des entreprises. – j’avais envie de changer complément d’univers , faire moins de réunions et travailler de manière plus concentrée et concrète . Je regardais sans arrêt le travail des artisans , des graphistes’ des designers, des Archi d’intérieur. Ça faisait un moment que je souhaitais faire un métier dit manuel. Tout en gardant un côté créatif . Avant de faire de la pub je m’étais interrogée pour m’orienter plutôt dans le design .. ça nous rattrape toujours …. Cependant mon expérience dans la pub m’a beaucoup apportée face à une problématique il faut trouver une solution créative et technique c’est juste le support qui change . Finalement ce n’est pas si éloigné je vais chez les clients prendre un «  brief » .

Je propose des idées que je dessine et puis une fois validé l’idée le devis je fabrique et je pose . Ça peut aller assez vite finalement par rapport au process de la pub. Avec les Archi d’intérieur on réfléchit aussi ensemble à partir de ce qu’ils proposent.



Je ne regrette rien, à part le salaire et le statut de CDI qui apportent un confort non négligeable.
Même en free je ne travaille plus du tout dans le monde de la pub.

Créer sa société c’est excitant c’est aussi plus d’aléas que je ne soupçonnais absolument pas tant que j’étais salariée. J’ai dû apprendre à faire des devis , de la gestion et pour une ancienne créa c’est pas une évidence, en tous cas pas pour moi 🙂 et rechercher des clients faire du développement, mais on apprend… et puis c’est quand même super satisfaisant de créer quelque chose , de changer une ambiance un décor dans lequel les gens vont se sentir bien , vont trouver une vraie personnalisation.

C’est ça mon nouveau travail : essayer d’apporter un meuble unique , une bibliothèque sur mesure que l’on ne verra pas ailleurs par exemple . Et ça c’est une grande fierté et beaucoup de satisfaction. – on peut voir mon travail sur Facebook, LinkedIn et Instagram avec le nom @woodaho.


Tu as travaillé où et combien de temps dans la pub ?
CR de 2004-2020
Y&R, BETC EUROSRSCG, CLMBBDO, TBWA, DDB Paris, Publicis Conseil, Y&R, DDB Paris, BDDP&Fils, Marcel, Rosapark

Tu fais quoi maintenant ?
Je prends soin de ma santé physique et mentale et de celles des autres.Après avoir obtenu mes diplômes, j’ai créé ma société MUTAN et ma propre salle de sport, je suis coach sport et nutrition, en visu ou visio en France et à l’étranger.

J’aide des mutants de 15 à 73 ans, du grand débutant à l’athlète olympique, d’un surfeur à des combattants en armure, d’anciens collègues, des nouveaux célibataires également ou des personnes qui sentent que leur couple bat de l’aile à cause d’un fort relâchement physique aussi.

Pour de la perte de poids, du renforcement musculaire, de la préparation physique ou mentale, de la préparation physique pour du ski, des voyages, des concours, de la réathlétisation suite à une blessure,… Je m’adapte à chaque brief, on ne se refait pas.

Pourquoi avoir changé ?
Changer d’agence tous les 2-3 ans m’a permis de gagner ma vie mieux que dans mes rêves les plus fous mais je bougeais en étant toujours assis. Plus de 100.000 € par an, en vivant à plus de 100.000 à l’heure mentalement, à produire des campagnes dont j’étais toujours fier mais à produire aussi énormément de cortisol. J’avais eu l’opportunité de travailler dans les meilleures agences et souvent à leur apogée, faire des rencontres inspirantes, j’avais acquis la façon de réfléchir attendu d’un créatif en agence elle faisait partie de moi et elle me sert toujours aujourd’hui dans mon approche, trouver des solutions impactantes et créatives pour atteindre les objectifs que l’on me fixe lors des coachings.

Fin 2019, mon agence de l’époque nous a invités, mon binôme directeur artistique de l’époque et moi-même, à « trouver du travail ailleurs ». On ne nous retiendrait pas, nous étions les cinquième plus gros salaires de l’agence à l’époque et dans les meilleures agences de publicité la moyenne d’âge tournait à l’époque autour de 28 ans. A l’approche de la quarantaine, en création, quel que soit son talent et son envie on est perçu à juste ou moins juste titre comme un dinosaure. Mais…on peut survivre à l’astéroïde.  A défaut de changer de planète (un peu tard pour devenir astronaute), j’ai réfléchi à changer d’univers.  

J’ai commencé par essayer de me poser les bonnes questions, d’analyser objectivement ma situation avec du recul. En 16 ans de carrière et 9 agences, je n’avais jamais vu un seul collègue arriver à la retraite. Pas un.

A partir de là :

  • Etais-je meilleur qu’eux tous réunis ?  
  • Même si j’y arrivais et que j’atteignais la « ligne d’arrivée » (la retraite), serait-ce une victoire ? 
  • Aurai-je plus d’énergie dans 5 ou 10 ans pour me réinventer ?  
  • Le contexte serait-il plus favorable au senior dans la publicité à l’avenir ?  
  • Etais-je fier de ce que j’avais déjà accompli, avais-je fais le tour ?

Sans aucun doute j’aurais pu continuer en agence, jouer la montre, gagner beaucoup d’argent encore un bon moment. Mais j’allais subir, la courbe d’apprentissage déclinait magistralement. Je me suis quand même fait l’avocat du diable en surgonflant mon ego, en m’imaginant dans 20 ans au moins dernier des mohicans sur mon tas d’or.

Puis je me suis demandé quel serait le prix sur ma santé physique et mentale ? Je voyais une grande partie de mes collègues vieillir et gonfler à vue d’œil. Vouloir augmenter son capital au prix de son capital santé a ses limites. Le prix à payer est trop fort à mon sens. 

Je n’avais pas envie de devoir toucher le fond lors d’un hypothétique burnout. La transition s’est faite quand j’ai accepté de passer du « Toujours plus » au « Juste mieux ».Retrouver un métier, pas toujours simple. Retrouver une compagne ou un compagnon non plus. Mais retrouver la santé… infiniment plus dur. Quand on la perd, tout s’effondre.  

Au moment de choisir entre signer à nouveau pour la publicité ou me reconvertir, je sentais que la solution était en moi, que je me connaissais suffisamment bien pour faire mon propre bilan de compétence. 

J’ai pu faire le point sur ce que je voulais : 

  • Me sentir utile
  • Écrire de belles histoires mais humaines, toujours authentiques et en direct   
  • Apprendre, apprendre, apprendre 
  • Pouvoir exercer plusieurs activités sans que cela ne puisse m’être reproché  
  • Rajeunir avant l’heure 
  • Valoriser les connaissances forme et santé apprises les années précédentes où j’avais pris un coach pour m’aider avant de rentrer en formation de guide polaire

Ce dont je ne voulais plus :

  • Des temps de transports à rallonge 
  • Du stress imposé pour des raisons impersonnelles et obscures 
  • Communiquer pour des produits ou services aux conséquences sociales et sanitaires parfois très douteuses
  • Sacrifier ma santé mentale et physique 

Je me suis posé une ultime question : 
« Si l’argent n’existait pas, ferais-je le même métier ? » 

À l’époque où je suis entré dans la publicité j’aurais répondu OUI, au moment de la quitter aussi, mais je voyais autour de moi un certain nombre de collègues pour qui la réponse était clairement non. Quand on se reconverti, on cherche à un moment donné à se tourner vers un « métier passion ».

Est-ce qu’aujourd’hui le corps, l’activité physique, la nutrition, la psychologie humaine et la santé sont mes passions ? Non, ma passion c’est d’apprendre et ces cinq domaines proposent un terrain d’apprentissage sans limite, sans commune mesure à celui de la publicité à mon sens.

Tu regrettes quoi ? (positif comme négatif)

L’ambiance, la solidarité et le respect entre la plupart des créatifs que j’ai pu côtoyer. Les castings et les tournages aussi pour les rencontres et les surprises.
Écrire des chansons aussi.
C’est tout.

Où peut-on voir ton travail ?

www.mutan.fr
https://www.instagram.com/dupin_surlaplanche/
https://www.instagram.com/mutan.fr/


Tu as travaillé à quel poste où et combien de temps dans la pub ?
J’ai travaillé durant 5 ans à l’agence de publicité Buzzman. J’y suis rentrée en tant que directrice artistique, j’en suis ressortie conceptrice-rédactrice. La pub m’a permis de m’essayer à l’écriture et de m’y sentir de plus en plus légitime !

Tu fais quoi maintenant ?
Je suis comédienne et comme souvent dans ce genre de métier j’endosse aussi les casquettes d’autrice, scénariste, réalisatrice. A la base pour m’offrir mes propres rôles, maintenant aussi pour le plaisir d’en écrire pour d’autres.

Pourquoi avoir changé ?
Je n’ai pas quitté la pub parce que je n’aimais plus ça, j’avais juste envie de faire quelque chose que j’aime encore plus ! En l’occurrence : jouer. Ce verbe est tellement prometteur, j’avais beaucoup trop envie de l’expérimenter dans cette nouvelle cour de récré.

Tu regrettes quoi ? (positif comme négatif)
Les copains qu’on voit tous les jours ! Et l’ambiance stimulante d’une agence. Et puis, l’esprit de collaboration. Je suis souvent mon propre cheffe sur mes projets maintenant et en plus en ce moment je pousse le vice en jouant un spectacle où je suis seule sur scène… alors qu’à la base j’aime quand il y a du monde et du mouvement ! Mais je suis bien heureuse de pouvoir maintenant écrire ou jouer dans des histoires qui portent des messages qui me parlent. Et puis dans la scène, où les espaces de jeu en général, il y a une instantanéité qui me plait bien. C’est du action-réaction et on passe à autre chose. Pas besoin d’avoir tout un long processus de validation pour peut-être arriver enfin un jour à un résultat.

Où peut-on voir ton travail ?
En ce moment, et tant que j’aurais du monde qui viendra me voir, je joue tous les samedis à 18h mon seule-en-scène « Merci pour la lumière » à la Comédie des Trois Bornes (75011). Je fais aussi des vidéos avec les copaines de @amusegueuleofficiel et des pièces de théâtre avec mes go sûres de la compagnie @ventrecollectif.
Et puis sinon, mon instagram @lobeletlabete est un peu devenu ma scène ouverte format verticale pour tester des blagues !


Je travaille chez Clear Channel depuis 2011 en tant que Directeur de la Création. J’y anime un Studio de 8 motion designers et graphistes. Parmi les histoires dont je suis fier ces dernières année, j’ai créé le Futur Prix pour de jeunes créatifs de tous âges avec mes complices de la maison créative Justement, Pascal Grégoire et Nathalie Cortial et j’ai dirigé l’élaboration d’un beau livre célébrant 100 de belle publicité extérieure avec le même Pascal Grégoire et le talentueux amoureux de l’affichage Tanguy Demange. Le livre s’appelle En haut de l’affiche et il est publié par les éditions du Cherche Midi.

Avant cela, j’ai passé probablement les plus belles années de ma vie professionnelle chez DDB dont je dirigeait l’entité brand content avec Delphine Beer Gabel.

En parallèle de mon activité professionnelle, j’ai toujours eu des projets de totale liberté, sans contraintes ni clients. J’ai été photographe, réalisateur, musicien (deux albums de hip hop sous le nom de Midnight Run)… Et en 2007, je suis devenu designer de couteaux. Une passion dans laquelle je me suis très vite illustré et fait une place à l’internationale et qui m’a amenée à devenir artisan coutelier depuis 2010.

La passion était là depuis l’enfance évidemment mais aujourd’hui elle prend une très belle place dans ma vie. Je ne peux qu’encourager tout le monde à choisir une activité dans laquelle on fabrique quelque chose de beau, à partir de rien avec ses mains. Cela procure un sincère sentiment d’accomplissement dans ce monde ou chaque pensée est remplacée par la suivante en une fraction de seconde.

Je me suis souvent interrogé sur la possibilité de basculer à 100% sur l’activité coutelière en l’enrichissant d’une dimension entreprenariale. J’ai d’ailleurs plein d’idées et de directions possibles dont l’art de la table. Mais je ne suis pas prêt à bousculer le bel équilibre que m’offre ma situation actuelle, où le professionnel et la passion se complémentent merveilleusement bien. Ne faire que des couteaux deviendrait peut-être une contrainte et ne plus en faire signifierait très certainement la mort de l’enfant créatif que j’ai pris soin de cultiver à l’intérieur de moi depuis toujours. Sa crise d’ado serait dévastatrice !

Le meilleur endroit pour découvrir mon travail coutelier est Instagram @tashibharucha

Créatif & Romancier à fait l’objet d’un article a part il y a quelques temps, le revoici :

Ma vie de publicitaire, c’est un pitch qui commence plutôt mal. Mes débuts officiels de Concepteur Rédacteur se font en Bretagne, à Brest. Trois ans à bosser sur des sujets bovins ou bovins, des communications de ville, des PLV sur l’AX. A 27 ans, je met tout mon travail animalier à la poubelle et je repart à la case départ : stages sur Paris. Six mois après, je suis engagé chez CLM/BBDO.
Le rêve : bosser sur Total, Pepsi, Leclerc… Après deux ans, je rentre chez TBWA (Le petit TB comme on disait) rue du pont neuf. C’est comme cela que ça a vraiment décollé avec une campagne 4×3 Playstation axé sur le prix intitulée la « Mort des jouets » avec des visuels comme le « Flipper Cercueil ». Premier frisson à Cannes. Ensuite je pars chez Enjoy Scher Lafarge puis BDDP&Fils où « jouer avec la mort » m’inspire toujours (il faut dire que j’ai perdu la moitié de ma famille en un an… ça aide) puisque je sors un film VediorBis où Lankou (tiens, encore la Bretagne) et sa faux sont employé à couper…du foin. Là, Altmann se barre chez Publicis.

Moi, je pars chez moi. Première période de freelance. La naissance de mon premier enfant. A 40 balais, j’ai besoin d’un nouveau défi. Je rentre chez TBWA sous Vervro. C’est exactement ce que je veux. Sortir de ma zone de confort. Pour ça, j’ai été servi. Tous les jours je voulais claquer ma démission. Les créas étaient comme dans une secte autour de leur gourou. On sentait qu’ils étaient rincé par le système. Moi j’étais frais, je n’attendais que ça. Et ça a payé. La campagne Mir Laine, Lion à cannes, primé dans tous les festivals. Pour fêter ça, TBWA a remercié Eric. Après avoir baissé mon salaire de 2000€ pour rentrer chez TBWA, je rentre chez Euro RSCG C&O principalement pour des raisons financières (un peu comme quand un footballeur va finir sa carrière en Arabie Saoudite, mais avec beaucoup moins de 0, dans mon cas). Cette fin de carrière aura durée six ans avec de bons souvenirs : collective du fromage avec « Le monstre » ou le pitch « Winamax » remporté face aux agences dites plus créatives.

A la cinquantaine, je quitte donc Havas pour me remettre en freelance. Tout va bien jusqu’au mois de mars 2020. Le Covid frappe à ma porte et à celle de 60 millions de français. Je profite un max de ma fille qui est née quelques mois avant. On se tape des entrecôte frites à 16h, je roule en vélo (bien plus loin qu’à 1 km de chez moi) dans un Paris sous-vide. Fin de Covid. Fini de rigoler. Retour à la réalité. Les agences resserrent les boulons. Moins d’argent. Moins de mission. Du coup, j’ai plus de temps pour réfléchir à la suite. Et un jour, je tombe sur une interview de Ariel Wizman, qui raconte qu’après la carrière qu’on lui connaît, TV, média, musique, et même Maître de cérémonie au Club des AD… le type se retrouve chez Pôle Emploi à faire une formation pour être entrepreneur. Aujourd’hui il a créé une marque dans la déco et… il adore ça. Et moi ? C’est quoi mon brief ? Comment s’écrit la suite de mon histoire. Continuer les free et quoi d’autre ? Premièrement, rester indépendant.

Hors de question de retourner en agence, derrière un bureau et bosser avec un DC de 35 piges qui te briefe qu’en anglais. J’ai trop pris goût à la liberté. Je prends contact avec une connaissance dans l’immobilier qui forme des indépendants. Dans ma vie, j’ai déménagé plus de 15 fois. J’ai adoré ça. Mon appart, ma baraque, j’ai toujours vu cela comme un prolongement de moi. Du coup, je prends un coach qui me forme au métier. Pas simple de faire fonctionner un mec qui a toujours fait marcher son hémisphère gauche pour se mettre aux diagnostiques, PV d’AG, règlements de copro… mais je retrouve vite dans ce métier une forme d’excitation. Après 25 années de job créatif en agence , je deviens Commerçant-Créatif. Je fais le brief, la strat du bien, son positionnement, la commercialisation et la com. Et ça marche ? Bonne question.

La 1ère année, franchement, c’est dur. Il faut te faire connaître. Et puis pourquoi on te filerait notre bien à vendre ? « T’es publicitaire ou agent immobilier ? ». Ces questions je les ai souvent entendu. Et pourtant, il y a un lien très évident entre les deux métiers. Un appartement, une maison c’est un produit sur lequel il faut savoir communiquer comme pour une voiture, une console de jeu ou une montre de luxe. Quand tu as cogité pour des marques toutes ta vie, tu peux prétendre pouvoir trouver des angles creatifs pour positionner tes biens immobiliers. 2nd année ? Changement radical. 4 biens vendus, 3 sous compromis (ce qui veut dire vente et rémunération en septembre). Le bilan est plus que positif.

Avoir deux métiers, avec deux expertises qui se complètent, c’est une vraie chance. On a tous une expérience, on ne sait pas toujours comment s’en servir en dehors de notre case, mais quand on y parvient c’est une sensation géniale. Aujourd’hui je suis bien plus épanoui que pendant mes 25 années de pub. Mes clients sont publicitaire, chirurgien, boucher, éditeur, banquier, retraité…sans oublier ma fille, Romy, du moins, tant qu’elle accepte de me garder comme Nounou.


Tu as travaillé où et combien de temps dans la pub ?
J’ai commencé stagiaire directrice artistique avec Olivier Vouktchevitch (Voutch) et Bruno Richard chez TBWA rue du Pont-Neuf, ma dernière agence a été BDDunlibès quelque chose…je ne sais plus, nous avons tellement changé de nom, aujourd’hui elle s’appelle « Les Présidents », ils auraient pu s’appeler Les Survivants mais c’est moins statutaire. J’y suis restée 12 ans comme directrice artistique senior et team leader avec Olivier Van der Vaeren.
Je me suis fait virer par une dame aux airs chevalins que j’ai vue pour la 1re et la dernière fois dans un bureau chez TBWA Boulogne. La boucle était bouclée.
Entre les deux TBWA, presque 30 ans se sont écoulés (glups !). Je suis passée chez Alice, Publicis, FCB, encore Publicis, LG&F à Bruxelles, Australie, Bddp&Fils puis freelance à partir de 2018.

Tu fais quoi maintenant ?
Je me planque derrière le terme de slasheuse, terme anglo-saxon générationnel Z car j’exerce différents métiers en même temps. Il m’arrive de faire encore des freelances, mais je ne les cherche pas. J’avais beaucoup de mal à me sentir légitime, à endosser ce titre mais aujourd’hui je l’assume un peu plus, je suis : Artiste Plasticienne Céramiste.

Pourquoi avoir changé ?
Une question de survie, besoin vital.
M’autoriser, je crois, à être ce que j’ai toujours ressenti intérieurement. Je ne renie pas mon passage dans la pub, au contraire, j’ai adoré ce métier, il m’a enrichi au point de m’y perdre.
Les 7 dernières années en agence étaient sans saveur. On m’a épuisée, je me suis épuisée. 50% lié à un contexte politique d’agence/groupe/clients, 50% lié à mon mode de fonctionnement. Le freelance m’a achevé et là j’ai ouvert les yeux. J’ai fait un bilan. Je trouvais anormal d’avoir l’impression d’être au bord du burn-out en étant freelance. C’était en 2018 : j’avais presque 50 ans, une carrière derrière moi, un métier qui changeait profondément et de moins en moins de plaisir à le faire. Il fallait changer, ça urgeait ou j’allais crever.

J’ai profité d’un répit de 15 jours entre 2 free, j’ai effectué des recherches sur internet pour savoir vers quoi je pouvais bien m’orienter. Je suis tombée sur une formation de Designer Textiles et Matières. Je trouvais que c’était un bon compromis. Ça regroupait pas mal de mes compétences mais avec un côté qui me semblait beaucoup plus artisanal. Au mieux ça débouchait sur une véritable reconversion, au pire ça ajoutait des skills à mon parcours. J’ai envoyé un petit dossier de pré-sélection juste comme ça pour voir, par curiosité. 2h00 après on me rappelait, en me disant que j’avais totalement le profil et si je souhaitais faire cette formation, je devais passer le concours d’entrée qui avait lieu la semaine suivante sinon je devais attendre la prochaine session…l’année d’après.

Je n’étais pas du tout préparée, le freelance reprenait, je me suis présentée au concours sans y croire et j’ai été reçue. Je suis retournée à l’école pendant 1 an. La formation était à peine commencée, j’ai très vite compris que ce n’était pas tout à fait ce que je recherchais. Non pas que ça me déplaisait mais la formation a ouvert un champ des possibles que je ne soupçonnais pas et qui a affolé mes stimulus. J’étais totalement bouleversée, ça a fait remonter beaucoup de choses que j’avais rangées dans un tiroir et dont j’avais jeté la clé. Ça n’a pas été facile, j’ai passé mon diplôme à Olivier de Serres et je l’ai eu. J’avais un stage de fin de formation que j’ai fait aux Ateliers de Paris.

Entre le stage et les vacances d’été qui arrivaient, j’ai eu un mois où je n’avais plus rien à faire. Ça m’a totalement angoissé ! je me suis inscrite à des cours de céramique en loisirs et de dessins aux ateliers des Beaux-Arts de Paris…et depuis je n’ai jamais arrêté la céramique et le dessin, l’un ne va pas sans l’autre. Guidée par mes envies et sous l’impulsion de plusieurs personnes autour de moi, j’ai franchi un cap cette année puisque j’ai pris à un atelier fin janvier de l’année dernière.

Je fais de la sculpture, je tourne et j’expérimente, j’applique le design textile, la photo et le dessin sur la terre…bref je croise toutes mes compétences. Je pense que c’est ce que je recherchais et la terre m’offre cette possibilité.

Je n’arrête pas de faire des stages pour essayer de balayer le spectre de la céramique. C’est bon, je suis occupée jusqu’à la fin de ma vie…en espérant qu’elle sera suffisamment longue car le spectre est très large et l’apprentissage très long. Le processus de fabrication est lent, la terre impose son rythme et ça me convient.

Tu regrettes quoi ? (positif comme négatif)
Rien…non je ne regrette rien comme le chantait Edith.
J’aurais dû arrêter depuis un moment. Même quand j’ai commencé stagiaire, je savais que je rentrais en lutte avec moi-même. Une sorte de répulsion/fascination, la fascination l’a emporté. J’ai longtemps cru que la pub était mon seul horizon. Je me suis accrochée à une chimère, je voulais être reconnue par la profession, avoir des prix mais plus je le désirais moins ça fonctionnait. Je recherchais une sorte de perfection et la perfection n’existe pas. Elle est chiante. Ça me foutait dans un état de stress et de paralysie qui me détruisait plus qu’autre chose. Et puis je n’avais pas les codes, disons que je n’en avais pas envie. Je n’ai jamais été « corporate ». J’ai un petit un côté idéaliste, un peu naïve et je suis beaucoup trop entière.
Je n’arrivais pas rentrer dans les cases, dans les codes, je ne l’ai jamais été même avant la pub. Ça m’emmerde. Je trouve ça trop facile, trop accessible…enfin c’est ma vision, je ne dis pas qu’elle est juste. Aussi loin que je me souvienne…à la maternelle, je refusais de faire la sieste avec les autres et encore moins dans des plaids que je trouvais affreux.
Si je devais faire une comparaison, en escalade je suis plutôt du genre à prendre la voie la plus complexe au risque de me péter la gueule. Démarche totalement incompatible avec la publicité, un métier plutôt très normé finalement.

Si je dois regretter certaines choses :
Les tournages, les prises de vues. Le reste non, même pas la création sauf le jeu de ping-pong avec mon binôme juste après un brief mais étant donné que l’un comme l’autre on continue à créer…à la fois séparément et ensemble. Nous avons un projet en famille avec nos filles (ceux qui nous connaissent savent que nous sommes un team intime) qui ont un très joli coup de crayon.
Ah si ! La thune bordel ! J’avoue ça me manque un peu.

Où peut-on voir ton travail ?
Ahahah ! Ce sont toujours les cordonniers les plus mal chaussés. Je suis totalement nulle concernant ma propre communication. Mon site est en jachère, mon Instagram ne ressemble à rien. C’est surtout que je n’ai pas du tout pris le temps de faire quoi que ce soit. Je ne veux pas montrer pour montrer. Je prends mon temps comme la terre.

J’ai fini par ouvrir au public mon compte Instagram à la demande d’une copine qui souhaitait partager un truc que j’avais fait. Je ne l’ai jamais refermé.
C’était mon compte perso à la base, il glisse petit à petit vers quelque chose de plus pro : Il y a un petit aperçu sur mon Insta à miss_dadatte…d’ailleurs ça ne va pas du tout ce nom, il faut que je change ça aussi. Sinon on peut venir me voir à l’atelier à Montreuil mais je n’y suis pas toujours, je suis très prise par mes autres activités professionnelles et ma vie perso


Tu as travaillé où dans la pub ?
J’ai travaillé 17 ans dans la pub. Je suis passée entre autre chez Lowe Paris, DDB, Y&R, BETC et j’étais rédac.

Tu fais quoi maintenant ?
Je prends un virage là. Depuis 2013, j’ai passé 10 ans à accompagner des personnes par l’Hypnose, à animer des ateliers, des formations et surtout à créer et développer deux méthodes:
l’HypnoAlchimie® Systémique et les Constellations Évolutives®.
L’HypnoAlchimie® Systémique permet de travailler sur les systèmes intérieurs auto-conditionnés qui sont à l’œuvre derrière toute problématique personnelle.
Et on ne va pas s’en tenir à débloquer le bazar mais on va transformer ce qui plombe en or (d’où la notion d’Alchimie): les systèmes « bloquants » en puissants systèmes « d’évolution ».

Et les Constellations Évolutives® (que je bosse avec des Playmobil 😉), travaillent sur les systèmes dans lesquels nous sommes « pris », famille, entreprise, culture… ou même société etc
et qui conditionnent notre manière de trouver notre place, notre « sens » dans la vie en général.

Depuis juin dernier j’ai enfin lancé ma plateforme L’École de l’Âme-agit® (ouais on a le droit aux jeux de mots en Alchimie, ça fait même partie du game. Je sais j’ai changé.)
On y trouve:

  • Des programmes d’Auto-HypnoAlchimie® Systémique guidées (dont un inspiré d’Harry Potter qui s’appelle #JESUISHARRY et sa suite #jESUISDUMBLEDORE )
  • Des ateliers Constellations Évolutives® en Visio.
  • Des formations destinés aux accompagnants.
  • Un blog qui permet d’éclaircir des notions importantes pour tous ceux et toutes celles qui « travaillent sur elles/eux ».
    Je me concentre là dessus maintenant à 90% et je garde 10% d’accompagnements individuels histoire de rester inspirée et créative!

Pourquoi avoir changé ?
Oh 3 fois rien, enfin 4 fois rien: 4 de ces trucs qu’on appelle Burn out.
La réalité de la vie d’agence n’était pas en phase avec qui j’étais, pour faire court et pas floue du tout…

Tu regrettes quoi ? (positif comme négatif)
Ah les potes! Les fous rires, les grands n’importe quoi, les tournages, nourrir mon côté esthète… et en négatif, d’avoir vrillé avant d’avoir capturé le gold lion. Et aussi d’avoir baissé les yeux face à des personnes avec des egos surdimensionnés alors qu’elles auraient bien mérité de grosses traces de tatanes dans leur trogne.
(Ouais je bosse avec l’esprit donc il paraît que je fais dans le spirituel mais on n’est pas chez les bisounours)

Où peut-on voir ton travail ?
Sur www.ecoledelameagit.fr
Sur Instagram @ecoledelame_agit
Sur Facebook j’ai un compte pro @Lessly L’École de l’Âme-agit


Après mes études dans une école d’art appliqués (Corvisart) à la fin des années 90′, j’entre chez DDB, j’y reste 10 ans, puis je suis Sylvain Thirache à la création de chez Sid Paris Lee. Et en 13 ans je suis passé de DA à ECD poste que j’occupe actuellement.

De ma formation j’ai toujours aimé ‘faire’, la vie de DA permettait en quelque sorte de fabriquer des campagnes, des films, des affiches… puis je suis devenu DC et ça me manquait un peu.
En 2020, la France s’est confinée, j’ai passé mes journées sur mon balcon à bricoler des bouts de bois, entre 2 réunions teams. Un bout de bois en amenant un autre, j’ai fait un tabouret. J’ai adoré.
Après avoir regardé tout ce que (merci Youtube) on peut trouve sur le sujet, j’ai commencé à m’équiper. Et un confinement en amenant un autre, j’ai refait tout le mobilier de notre appartement.

Pour le plus grand bonheur de ma famille qui vit avec ‘quelques’ planches de bois entreposés par-ci par-là.

Ce qui m’intéresse c’est la silhouette globale, la ligne, le design de l’objet, j’aime le coté minimaliste. La maitrise des japonais dans ce domaine y est admirable (re-merci youtube).
Je dessine mes meubles sur sketch-up, modélise les projets, fait le logo, le site, y partage les plans, c’est un peu mon bac à sable…

Il n’est pas question de remplacer mon métier chez Sid Lee, cela reste un side project dont je suis le créa, le DC, le client, et même le DAF, ce qui m’enlève toutes les contraintes :).
La notion de rentabilité n’etant pas à l’ordre du jour, je ne fabrique pas de pièce de commande, mais je réfléchis avec la Galerie Paradis à développer, ensemble, une ligne de mobilier.

Vous pouvez en voir plus sur soussfurniture.com

PARTIE 1 : Les expatriés
PARTIE 2 : Les Prix Jeunes créatifs Stratégie.
PARTIE 3 : Ils sont partis de la pub.