Sélectionner une page

Nick&Jack vous êtes un team de créa chez Hérézie, quel a été votre parcours ? :
Jack :
Nick a décidé d’explorer toutes les filières possibles et imaginables avant de trouver la bonne. C’est son côté curieux. Il tente les Beaux-Arts mais les expérimentations combinatoires de systèmes machiniques autonomes visant une finalité installationnique sculpturiphore ça ne l’inspire pas. Il se lance alors dans la natation.
Le projet tombe à l’eau.
Pendant ce temps je m’ennuie en classe, du coup je dessine les profs en train de me regarder m’ennuyer. Ça les ennuie. J’obtiens quand même le BAC et pars faire une MANAA en Angleterre, pour l’ouverture d’esprit. Ça fonctionne. Du coup je rentre parce qu’il faut pas non plus exagérer et qu’il fait froid.

On se retrouve alors dans la même classe d’une école de graphisme portant le nom d’un déodorant. Nick est passionné de photo, moi de dessin. Comme j’ai pas le temps d’en placer une je l’écoute, et puis on devient amis. Là on se rend compte que le graphisme c’est bien, mais que c’est encore mieux quand on l’associe à une idée. Je passe le chapitre sur le rayon de lumière divin pourfendant les nuages célestes, mais en gros ca a été une sorte de révélation pour nous deux. Ça a commencé comme ça.

Et puis à force de monter ensemble des projets fictifs pour nos books respectifs on a fini par passer des entretiens à 2. Quelques stages et des free plus tard (DDB, .V., Australie), nous voilà.

Depuis combien d’années travaillez vous dans le milieu de la publicité ?
Ça va faire quasiment 2 ans, le temps de se rendre compte qu’en France tout se passe à Paris, de remplir un book et de prendre le train. On attend encore d’être remboursés par la SNCF pour le retard…

Vous travaillez avec qui et sur quoi ?
On a la chance depuis bientôt 1 an de travailler avec Andréa Stillacci et Luc Wise, deux personnes qui forcent le respect (sans parler de toute l’équipe d’Hérézie qui est incroyable). Pour le moment on a beaucoup travaillé sur l’image de l’agence. On bosse également sur d’autres budgets, dont pas mal de compétitions.

Parlez nous de deux trois choses que vous avez faites :
Ce print pour UNICEF contre le harcèlement scolaire, une démarche personnelle. Le projet n’a jamais été produit mais c’était une bonne façon d’entamer le book. Ça valait le coup, rien que pour voir la tête de la direction de la com d’UNICEF quand ils nous ont reçus, très intéressés mais pensant que Nick&Jack était une agence qui leur avait envoyé une armada de commerciaux… Et non !

Des proactifs pour Durex et Greenpeace, qui à notre bonne surprise nous ont valu 2 publications dans Archives et deux nominations au Student of the Year. Ça faisait drôle de se retrouver au milieu de tout ces types de la Miami Ad School. C’est peu de chose mais ça a renforcé notre motivation à la sortie de l’école, et les gens ont bien voulu nous rencontrer !

Notre premier chantier chez Hérézie : le site de l’agence, entièrement en HTML5. L’idée nous est venue en observant les schémas présents dans le bureau d’Andréa. Des tableaux d’art contemporains représentant la multitude de connexions inconscientes qui donnent naissance à une idée.

http://herezie.com/

Et ce print d’autopromotion :

Et puis notre premier film :

Vous avez envoyé votre annonce à Unicef ? pourquoi ? comment avez vous fait ?
L’annonce était dans le book quand on a démarché les agences. Si les goûts et les préférences de chaque DC envers nos boulots variaient d’une agence à une autre, ils avaient au moins une remarque en commun : « Envoyez votre annonce à UNICEF ».
En cherchant les adresses des gens du groupe, on s’est rendu compte que le président du comité était l’ancien DG de DDB&CO. On s’est dit qu’avec un ancien pubard à sa tête, on avait peut être une chance d’attirer leur attention. Quelques jours après avoir envoyé notre print, on était conviés à présenter le reste du projet à la direction de la communication.
La parabole du flipper dont la bille représente l’enfant à l’école leur a beaucoup plu. Mais « W&Cie » allait sortir une campagne contre le harcèlement scolaire mandatée par le Ministère de l’Éducation et UNICEF ne pouvait pas la concurrencer.

Comment avez vous fini dans Archive ? vous aviez vu un concours étudiant ?
En bons lecteurs du magazine on connaissait le concours et surtout c’était l’un des seuls à être gratuit. C’était une vitrine potentielle à côté de laquelle on ne pouvait pas se permettre de passer.

Vous avez hésité à faire de la pub ?
Nick : Oui et non. Oui parce qu’en entrant dans cette école d’art toulousaine j’espérais bosser comme graphiste chez RipCurl à Hossegor. Non, puisque chose faite lors de mon premier stage, je me suis rendu compte que réaliser des images avec des vagues partout sans idée associée m’intéressait beaucoup moins, surtout pour les 30 prochaines années…

Entrer dans la pub m’est donc apparu comme une évidence, confirmée par la suite lors de mon second stage chez Publicis Activ’ Marseille où j’ai bossé comme assistant d’un team extraordinaire : Benoit Filiat et Julien Meurisse. l’AD avait la même passion que moi pour la retouche photo et le CR pour dénicher des idées.
Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que je signe chez eux mais l’envie d’intégrer une agence parisienne a été plus forte que tout. J’ai donc décliné leur proposition et je suis monté voir s’il y avait une place pour moi à Paris ! J’espère bien avoir l’occasion de rebosser avec eux un de ces quatre.

Jack : Pas vraiment non. Cela ne m’est jamais apparu comme un choix difficile et définitif. Je touche un peu au design de packaging quand le temps me le permet. Le travail graphique et l’aspect technique du pack me plaisent beaucoup mais je voudrais voir jusqu’où je suis capable d’aller dans la pub. Comme ça pas de regrets !

Vous faites quelque chose en parallèle de votre métier, des centres d’intérêts ?
Nick : Avant je prenais ma voiture pour aller me mettre à l’eau, surfer avec des potes ou à la montagne pour les photographier en escalade. Malheureusement depuis ma montée sur Paris, sans voiture et sans planche, tout ça est vite devenu de l’histoire ancienne. Je me consacre à 100% à des projets créatifs avec Jack, pour l’agence ou pour des potes.

J’attends toujours de trouver le temps libre pour me lancer dans un projet photo qui me trotte en tête un peu à la manière de Romain Laurent ou Léo Caillard découvert récemment…mais je crains qu’à force d’attendre le bon moment il ne vienne jamais ou alors un autre le fera avant moi…comme c’est souvent le cas aussi dans la pub !

Jack : Un peu de hockey sur glace. C’est un sport très complet, mais surtout la seule chose qui m’enlève la pub de la tête le temps des entrainements ou des matchs. Sinon j’aime la manipulation de cartes. C’est devenu une sorte d’anti-stress que j’ai toujours dans les mains et c’est très pratique pour arnaquer ses potes au poker 😉

En parallèle du team je design des jeux de cartes justement avec Henri de Saint Julien, mon premier maître de stage, une personne à qui je dois énormément. Nous travaillons régulièrement sur divers projets artistiques.

Avez vous des anecdotes sur la vie à l’agence ou la relation client ?
Pas vraiment une anecdote mais plutôt un concours de circonstance marrant. Il y a 2 ans, l’agence se trouvait au rez-de-chaussée du bâtiment qu’elle occupe encore aujourd’hui. Hérézie ne comptait alors qu’une petite poignée de créatifs. Quand il a fallu trouver des locaux plus spacieux, le hasard a voulu que ce soit au 5e du même immeuble.

L’agence a donc gardé les deux étages pour le cas où. Le résultat c’est qu’aujourd’hui notre bureau fait 100m2 pour deux. A Paris et qui plus est sur les Champs, c’est assez rare pour être mentionné !
Il y a aussi la fois où l’on a remplacé les prix d’Andréa par des faux en pâte à modeler… Mais ça c’est un sujet prohibé.

Dans votre métier quel est votre meilleur souvenir ? et le pire ?
Nick: Le meilleur pour ma part reste notre première publication dans Archives pour le Student Contest. Il y a 1 an on ne connaissait personne dans le milieu, on avait aucune adresse de DC et on commençait à peine notre dossier en espérant faire mouche. C’était comme sortir la tête hors de l’eau après 8 mois d’apnée dans le grand bain.
Cela nous a permis de bosser plus sereinement sur nos concepts par la suite en se disant qu’on devait être sur la bonne voie. Puis il y a eu la deuxième parution pour Durex dans le numéro suivant qui nous a surprise mais là on avait déjà fait quelques entretiens et commencé à bosser en free pour Stillacci.

Pour le pire souvenir par contre, ça va être difficile car je me lève tous les jours le sourire aux lèvres en respirant à plein poumon l’air nauséabond de la ligne 2, me disant que j’ai de la chance d’aller bosser dans une agence comme Hérézie !

Jack : Le chemin est bien court ! Mais j’ai été marqué par cette période passée avec Nick à travailler sur notre book, en espérant ne pas bosser dans le vide. A la sortie de l’école, on n’avait pas grand chose dans nos portfolios qui ressemblait à de la pub.

Il a fallu se poser et réfléchir à ce qui pouvait intéresser les DC. Après plusieurs semaines, nous avions imaginé des campagnes 360, plusieurs prints et un bon nombre d’opé digitales. Il a fallu se vendre sans expérience et uniquement avec du proactif.

Pour le pire, je dirais que c’était pendant mon deuxième stage. J’ai parlé d’une idée pendant une réunion entre créa. Le senior dont j’étais assistant n’a pas apprécié que je l’ouvre alors que je n’étais que stagiaire. Il m’a laissé à l’agence pendant le shoot alors que j’attendais ça depuis des semaines. C’était ma première claque. Il faut en prendre pour avancer mais même avec le recul je ne trouve pas que celle là m’ait particulièrement fait grandir.

Le truc qui vous a fait le plus halluciner ?
Nick : La vitesse à laquelle A.Stillacci est capable d’enchaîner les sourires devant un objectif.  Sinon, en dehors du taf, je dirais le saut de Felix Baumgartner… Surtout les 3 mn où il est au bord de sa capsule à contempler la courbe de la Terre. Le mec devait être dans un état de plénitude absolue ! Je lui en voudrais presque d’avoir vécu ça sous mes yeux !!

Jack : Le truc qui m’a fait le plus halluciner, c’était l’année dernière. Henri (mon premier maître de stage) et moi avions designé un jeu de cartes pour notre usage personnel. Le jeu a été tiré à moins de 2000 exemplaires qu’on comptait dilapider au fil des années en le distribuant à nos amis. Sauf que 2 monstres américains de la magie nous ont racheté tout le stock pour le vendre à travers le monde.
Les jeux sont partis en moins de 45 minutes sur Internet. L’un d’eux a même été revendu dans la foulée sur Ebay à $350 pièce. Depuis on est parti les rencontrer et maintenant on travaille avec eux sur de nouveaux projets. Je n’en reviens toujours pas.

Ce que vous ne pensiez pas faire un jour ?
Nick : Tomber le site d’une agence parisienne pour notre première mission chez Hérézie avec jack…alors que notre book illustrait tout sauf du webdesign. Et sinon, d’avoir pu photographier de grands noms comme Wise, Callegari et Stillacci.

Jack : Croiser Matt Groening sur Hollywood boulevard, lui tendre un billet de $1 et qu’il me dessine la tête de Bart Simpson à la place de celle de George Washington. Mais concernant la pub, je ne pensais pas devoir expliquer aux gens pourquoi j’aime tant mon métier alors que la plupart ni voit qu’une liste interminable de daubes télévisées ventant les mérites de produits qui ne les intéressent pas.

Quelle sont les pubs qui vous ont le plus marquées ?
Nick : Le gant de Surfrider, un print de Guillaume Auboyneau / Pierre Philippe Sardon. C’est celle qui m’a donné envie de faire ce métier, d’autant plus que ca touchait une passion à ce moment là. Alors pouvoir faire des pubs comme celles que je découvrais dans Archives c’était déjà bien, mais alors des pubs qui parlaient d’océan ou de surf c’était encore mieux !

Jack :
Ce film de Pepsi. Quand je l’ai vu j’avais à peu près l’age du gamin qui joue dedans. Ça m’a scotché :

Plus récemment la magie et la photographie du spot de Stein Simonsen et Torstein Greni pour Wideroe Airlines :

Celle que vous auriez aimé faire ?
Nick : Le print du gant de Surfrider, et le film que j’ai découvert quelques années plus tard :

Jack :
Les films net10 :

La série pour le festival du film indépendant de Buenos Aires :

Les prints de Spillmann Felser Leo Burnett pour Swiss Life :

Et puis la campagne pour le grand Mix de Radio Nova… Une leçon elle aussi.



D’une manière générale, je serai heureux si j’arrive à faire le millième de ce qui a été fait par les noms présents sur ‘C’est qui les Créas ?’.
Le pied serait d’être illustrateur pour une de nos campagnes comme l’a été Jean-François Bouchet sur le Grand Mix.

Des modèles de créatifs dans la publicité ?
Nick : Les SIX de la Y&R au moment où je faisais encore mes études pour le niveau d’exécution des campagnes (Decathlon, Surfrider, Club Med’, etc).

Jack : J’ai bati chez moi un petit cénotaphe divinisant tout ceux qui ont raflé les prix que je n’aurai sûrement jamais. Ça c’est pour éviter de citer Bill Bernbach, David Droga et ceux qui ont fait de notre métier ce qu’il est, nous contraignant à être originaux alors qu’on pourrait se la couler douce 🙂

des gens qui vous inspirent ?
Nick : Joe Simpson et Simon Yates. Ce ne sont ni des réals, ni des photographes, mais seulement 2 alpinistes qui ne se connaissaient pas et qui dans un moment critique ont sû se dépasser quand beaucoup auraient renoncé. Des gens qui forcent l’admiration inspirent forcément.

Jack : Les hypers actifs, dont Andrea fait parti. Je pense même que c’est lui qui a inventé le concept de l’hyper-activité. J’admire ceux capables de ne pas perdre une seule seconde dans une journée.
Sinon, Neil Young dans son solo de guitare de 10 minutes dans « Like a hurricane ».
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=Obfci1CIqq8#t=181s

Avec qui aimeriez vous travailler (créas, réals, photographes, illustrateurs…) ?
Nick : Beaucoup de photographes comme Romain Laurent, J-Y Lemoigne, et tout ceux qui font de belles images, les studios de retouches qui vont avec, des mecs comme SERIAL CUT ou alors des petits jeunes comme Zim and Zou…

Jack : Ennio Morricone avant qu’il ne passe la baguette à gauche, Martin Krejci
parce qu’il est très talentueux et qu’il a un nom dur à prononcer donc ça en jette.



Luis Nieto
pour la force de son côté obscur, Serial Cut pour la qualité d’exécution, Mattias Adolphson pour l’excellente naïveté de son trait, Sven Fischer avec qui j’ai déjà eu la chance de travailler mais qui continue de me fasciner…

Si vous commenciez la pub aujourd’hui, vous iriez où ?
On a commencé la pub hier et on est chez Hérézie aujourd’hui. Si toutes les conditions étaient réunies pour entrer dans n’importe quelle agence on tenterait sûrement l’étranger. Le Brésil, les Pays-Bas, le Canada, l’Australie voir même la Malaysie (cf. le print Pictionnary « quick draw wins« ) sont autant de destinations riches tant au niveau professionnel qu’humain.

Vous pensez que le milieu va évoluer de quelle manière ?
Dans pas longtemps on fêtera les SDI (stage à durée indéterminée). Sinon la réponse a déjà été donnée : un créatif devra toujours trouver LA bonne idée, peu importe le média sur lequel il doit lui donner vie.

S’intéresser aux nouvelles technologies est essentiel pour ne pas être dépassé, à l’heure où ta nièce de 4 ans peut pirater ton compte facebook et te faire virer. On assiste à une révolution d’une autre ampleur, mais nos prédécesseurs sont passés de l’affiche à la radio et de la radio à la télévision. C’est une nouvelle bonne raison pour se creuser la tête et s’adapter à son environnement et à ses différents terrains d’expressions.

Que diriez-vous à un team de stagiaire qui veut percer dans le milieu publicitaire ?
La même chose que Gandalf avant de tomber dans les mines de la Moria : « Fuyez, pauvres fous ! »

Merci.

– – – – – –
Leur site internet (regardez le projet WISHES 2012) : http://cargocollective.com/nickandjack