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Bonjour Aurel, tu es le rédac, quel a été ton parcours scolaire/pro ?

Après une scolarité chaotique et un bac littéraire en poche, je me suis inscrit à l’ISCOM sans grande conviction. Là-bas, j’ai appris tout un tas de trucs sur la pub, mais rien sur la création. Un soixante-huitard de la créa nous donnait 1h de cours de conception par semaine. Frustrant. Par contre, j’ai bossé mon réseau et un intervenant m’a branché avec Anthony Clouet qui à l’époque cherchait un stagiaire chez Leg. L’agence la plus cool du moment. Le jour de mon arrivée au 36 boulevard sébastopol, un mail tragique de Gabriel Gaultier annonçait la perte du client historique de l’agence : Eurostar. Mauvais timing. Cela dit, j’ai eu la chance de travailler avec des gens brillants : Virgile Lassalle, Olivier Camensuli, Cyrielle Debrun. 

J’ai eu un déclic en découvrant les titres de Pierre Dominique Burgaud dans le CDA, j’ai tout de suite voulu faire de la rédac. La vraie. Celle où tu cogites 3 jours pour trouver 8 mots.

Réussir à faire sourire Gabriel Gaultier avec un titre, c’était plus cool que de gagner un club. (La plupart du temps, il ignorait mes mails). Ensuite, j’ai dû m’inscrire à une formation de comptable en ligne pour avoir une convention de stage et faire un tour chez Buzzman. 

L’année d’après, j’ai signé chez Fullsix. Au début, je pensais mettre les pieds dans une agence, mais c’était plutôt un escape game. J’ai mis 3 ans pour trouver la sortie. J’ai envoyé une candidature spontanée à Julien Simons chez Marcel. Grâce à lui, j’ai pu rencontrer Anne de Maupeou qui a kiffé mon doss, mais qui a mis une longue année avant de me rappeler. J’ai rejoint la mifa Marcel en 2020. Et ma carrière a vraiment commencé. 

Tu as commencé quand la pub ?

Il y a 12 ans environ. 

As-tu hésité à faire de la pub, tu aurais fait quoi à la place ?

À 14 ans, je rêvais de devenir pro skater, mais vu l’état de mes chevilles et la hauteur de mon ollie, j’ai vite abandonné. Par contre, bosser dans l’industrie du skate, organiser des contests, monter ma marque, mon skateshop, ça m’aurait réellement plu. Autre life goal : rédac dans le gaming. Ça doit être incroyable de donner la réplique à un PNJ de CyberPunk. Les plus grandes punchlines sont dans Duke Nukem, pas dans le Copy Book.
“It’s time to kick ass and chew bubble gum…and I’m all outta gum”

Tu travailles sur quels budgets, avec qui ?  

L’avantage de bosser chez Marcel, c’est que tu touches à tous les budgets.
C’est une grande agence, mais familiale. Les sujets tournent. Récemment, j’ai pu bosser sur Orange, Spotify, Back Market, Groupama, Lidl, Médecins du monde, Heetch, Novanuit, Hollywood chewing gum… 
Côté équipe, je travaille avec tout le monde :  Mohamed El Ghazi, Naim et Robin, Alexandre Dodille, Youri et Gaetan, Julien Simons, Jeremie Bottiau, Clément séchet, Xavier Le Boullenger, Remy Aboukrat, Fabien Gaëtan.

J’ai aussi 2 crews avec qui je bosse régulièrement :

  • Le Marcel Proust. C’est comme le club des DA, mais réservé aux rédacs. Un groupe Whatsapp dédié aux punchlines de l’agence, piloté par Virgile Lassalle. 
  • Le CHAD, une team Erasmus dédiée aux proactifs avec Hugo Wahledow (Suède), Claudia illan (Espagne) et Ditte Benjaminsen (Danemark). L’avantage d’être quatre nationalités, c’est d’avoir une approche universelle en conception, importante dans les festivals quand tu es jugé par un Chinois et un Brésilien. 

Tu peux montrer des campagnes que tu as faites ? :

1997 : think different.

2022 : buy different. 

Morale de l’histoire : ghoster les mails du juridique. 

8 lions, et deux grands prix aux EuroBest. Bien ouej ma team de hors la loi.

Médecins du monde, le script qui m’a rendu hypocondriaque. 

Des titres pour Spotify. 

Voir son accroche à la rotonde sur 12 mètres de large, ça fait un truc. 

Un titre Orange pour la rencontre France-Maroc de la coupe du monde. 

Et des cartons de déménagement pour les grosses feignasses dans mon genre.

Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des projets, des passions ?

J’ai beaucoup de projets, mais peu de temps.
Avec Clara Defaux, on adorerait monter un ciné-club chez Marcel. Pour choper des lions à Venise.
Créer un jeu de société avec un pote qui soit aussi hilarant que le “Dany”. 
Et à plus long terme, j’aimerais bien monter une asso pour apprendre le skate aux gosses. 
Comme dans ce court-métrage sublime : Learning to skateboard in a Warzone (if you’re a girl)
En attendant, je vais skater à Bastille avec Rémi Dias Das Almas, le sensei du double Kickflip.

Autre kiff du moment, la street photography avec des Game Boy caméras. Beaucoup plus abordable qu’un boîtier Leica. 

Quel est le truc qui t’a fait le plus halluciner ?  

Un concert de cornemuses chez Leg. 
Des créas qui taguent les murs de l’agence après avoir posé leur dem.
Un créa à Cannes qui éclate son grand-prix par terre après 3 shots de tequila.
Un tournage en hélico pour Schmidt. 
Et le tournage surréaliste de Hack Market. 
Une caméra planquée dans un kiosque à journaux sur les Champs, une course-poursuite avec un agent de sécurité.
Et le tournage avec Clément Séchet à Berlin, planqué dans une boutique de cosmétiques qui ironiquement s’appelait “mac”. 

Quelles sont les pubs que tu préfères, tes classiques ? 

Pierre-Dominique Burgaud.
Le boss. 

“La crème qui donne des rides”. Pour une crème de dépistage du cancer du sein. 

The gun survivor reviews. 

Il faut un sacré courage pour faire la promo d’un Beretta 9mm qui t’a transpercé le foie. 

An Ad, in an ad, in an ad. 

https://www.dandad.org/awards/professional/2022/235403/an-ad-in-an-ad-in-an-ad/

Euro Pride. The voice of change. 

Le meilleur spot radio de tous les temps.

L’activation la plus deep du deep fake. 



Un logo qui danse pour le carnaval de Rio..

https://www.oneclub.org/awards/theoneshow/-award/43421/rio-carnaval-logo

The inevitable news. 

Des templates d’articles à trous. Parce que les mass shootings, c’est toujours la même histoire, à quelques détails près. 

Et les nus du musée de Vienne sur Only fans. Pour mater les boobs d’Egon Schiele. 

Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ? ou en dehors, des gens qui t’inspirent ?

En France, Benjamin Marchal, Alexander Kalchev,
Jean-François Bouchet, Patrice Dumas et évidemment Youri et Gaëtan (la mifa)
À l’étranger, Santiago Luna Lupo et tous les créas de l’agence WeBelievers NYC qui ont détruit Cannes en 2022.

En dehors de la publicité, le collectif MSCHF m’a vraiment marqué (merci Gabriel Palut). Bangers sur bangers.
Un parfum Chanel mixé avec un parfum Axe. 

Stolen Stories. Un compte insta ou tu peux voler les story des gens riches

pour prétendre l’être toi aussi sur les réseaux.  

Et un Damien Hirst acheté 30 000$ découpé en 88 morceaux, revendus 261 000$

Sinon j’adore le boulot de Wim Delvoye, Pablo Rochat et aussi les installs de John Gerrard, rien que pour cette œuvre : The polluting flag. Un drapeau installé devant le G20. Un simple tube avec une arrivée de gaz. Magnifique.

À ton avis, le milieu publicitaire va évoluer de quelle manière ?

Tu peux envoyer un mail au toi de 60 ans, tu lui dis quoi ?  

J’espère que tu as arrêté la pub, que ton acouphène a disparu, et que tu kiffes vivre à la Réunion. 

Un conseil pour réussir dans ce métier ?

Être le fils de Yannick Bolloré et faire la Miami Ad School. 
Stalker les crédits des campagnes que tu kiffes pour rencontrer les créas que tu kiffes. 
Présenter ton dossier à Patrice Dumas. Tu n’auras pas de CDI, mais tu peux être sûr de passer un bon moment. 

SI vous voulez le contacter pour bosser avec lui ou le débaucher -> aurel.cablan@gmail.com