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Bonjour Olivier, tu es Réal (ex CR) chez les Télécréateurs quel a été ton parcours ?
Après une formation littéraire j’ai obtenu un BTS de pub, mais ma vraie formation vient de mes stages.
La pub m’a toujours intéressée, j’ai toujours écrit et même si personne dans ma famille ou mon entourage ne travaillaient dans ce milieu, je m’y suis intéressé vers mes 18 ans.
 Rapidement j’ai monté un dossier que j’ai présenté dans très peu d’agences car j’avais ciblé les créatifs que j’aimais bien. Publicis m’a pris en stage, puis DDB pendant 1 an avec Holden&Noel (qui étaient déjà séniors). C’était la grande époque DDB avec les Jean-Denis Palain, les Gabriel Gaultier, il y avait Jean-Christophe Royer en stage comme moi. J’ai vite compris que le BTS ne m’apprendrait rien face à ce genre de stages plus qu’instructifs.

En tout j’ai fait 2 ans de stages, j’ai fini par faire mon service militaire (et oui la vie a changée 🙂 ) Rémi Noël m’avait dit de le rappeler après.
 Entre temps ils étaient parti chez FCB où il m’a fait rentrer en stage de 3 mois. Là-bas je rencontre un assistant, Rémy Tricot (il y a 18 ans de cela). Le déclic se passe un soir sur une charrette pour le budget Mercedes ou l’on propose une campagne qui nous a fait remarquer. Gregoire Delacourt m’engage et nous met en team. A l’époque j’ai environ 23 ans.

On reste 1 an chez FCB puis Gregoire Delacourt part chez Australie (on le suit) où l’on reste 5 ans.
 Ensuite Altmann qui avait un projet d’agence (BDDP&fils) nous propose de le rejoindre. Nous sommes allés un 1 an chez Jean&Montmarin, et avons ensuite rejoint &fils à la création de l’agence en tant que séniors. Là on passe 6 années avec toute la clique des Bellon, Delhomme, Camensuli… Grosse ambiance, bonne qualité de production. Et au moment où Altmann partait d’&Fils, Rémi Babinet nous appelle pour rejoindre BETC. On y rentre en 2002 pour 6 ans.
 Là-bas on y fait pas mal de Peugeot, du Mikado, du 13èmeRue et un peu tous les budgets qui passent.

Petit à petit, une envie arrive, on (toujours avec Rémy) a toujours fait des dessins, des découpages sur nos scripts. Déjà à l’époque d’&Fils les boites de prod nous poussaient à tenter des trucs. On adorait les plateaux de tournage, ça nous faisait envie. BETC nous a permit de développer cette envie en nous mettant au 4/5ème. Puis en 2008 on quitte BETC pour se lancer en tant que réalisateurs, toujours en team avec Rémy Tricot, sous l’appellation « Les Uns« .
Le truc s’est fait assez naturellement, il a un moment ou quand tu es senior, on t’appelle pour devenir DC mais ça nous intéressaient pas du tout. Donc on est parti dans la réalisation. Là ça fait que 3 ans, on est heureux, après avoir bossé avec Stink, on vient de passer chez les Télécréateurs.

On est assez ouvert sur les courts métrages, la série télé, le long, la publicité évidement. Notre passé de Team Créa nous amène cette spécificité, on a une notion de but publicitaire. Les créatifs qui nous engagent comme réal’ le voit plutôt comme un avantage.
 Et pour les producteurs c’est une valeur ajouté d’avoir des réals qui viennent de la création publicitaire qui ont une expérience de PPM, de clients, qui savent comment les prendre.

Tu as passé combien d’années en créa dans les agences de pub ?
Si je compte bien, ça fait 15 ans, entre 1993 et 2008.

Parles nous de deux trois choses que tu as faites.
Cette pub pour la 607 a marqué son temps.
D’autres s’en sont inspiré quelques années après. C’est plutôt drôle quand on sait que le film a failli ne pas se faire car la 607 ne se vendait pas bien. Mais très vite le film a fait du bien à la marque et il a été diffusé pendant deux ans.

13 ème Rue est l’exemple type du petit budget qui savait qu’il fallait taper fort pour se faire remarquer. On a plus que réussi a tel point que le client Canal+, pour qui on travaillait aussi nous faisait la gueule.

Des centres d’intérêts ?
Autre que le cinéma ? Oui, la photo me plaît énormément, au sens esthétique et non publicitaire du terme. Travailler l’image, les reportages, des portraits. Et les bagnoles, j’adore.

Des anecdotes clients ?
Sur 15 ans on a un peu tout vu, entre le gag du client ouvert d’esprit qui tousse devant le casting trop métisse, et le sexisme latent. Sinon on a fait le dernier film pour le « Pager » avant l’arrivée du téléphone portable, le client France Télécom nous donne carte blanche pour se marrer une dernière fois, je me vois debout sur la table de réunion en train de mimer un tueur en série qui écrase des jeunes. Et me voilà à écraser le client qui est mort de rire. Le film a d’ailleurs cartonné.

Les meilleurs souvenirs ?
Beaucoup, entre autres, ton premier lion d’or. Quand tu montes sur scène à Cannes, ça bas plutôt fort à l’intérieur. Le premier Club des DA aussi. Et puis des tournages qui ont fini dans des boites dont j’ai oublié le nom…

Et les mauvais ?
Non. Je crois qu’on est parti du milieu avant les mauvais souvenirs n’arrivent. Le boulot a pas mal changé. On s’est toujours a peu près bien entendu avec tout le monde, ou alors on changeait avant que les tensions s’exacerbent trop.
Un des gros changements qui nous a fait partir, c’est le manque de création des clients, trop commerciaux, trop réfléchis, trop de procédurier. Avant les marques engageaient des Directeurs de Communication, des mecs qu’aimaient la Pub, pas des financiers. Mais comme les Clients on changés, les Agences aussi ont changées.

Pourquoi ne pas monter une agence ?
C’est pas trop notre truc. On aime bien faire, mettre les mains dedans. Et puis on est réal.

Qu’est ce qui vous a fait halluciner ?
Pour le film Peugeot 607, on s’est retrouvé au fin fond de Sao Paulo a jouer avec des voitures blanches, on a foutu le bordel, des accidents, on est montés en haut du plus gros building sur une planche et le vide, une vue d’enfer.
 Pour un autre film, on a été sur le pont qui relie la Finlande et la Suède, une semaine avant son inauguration, on était seul.

Tu as grandi avec quelle génération de créatif ?
Des vieux cons : )
Les Apers, Sacco, Fichteberg, Dumas, JC Royer, Astorgue, Bellon, Cheriff…
Mais on été des bons cons, attention ! élevé à la bonne pub…

Quelle sont historiquement, les pubs qui t’ont le plus marquées ? Celle que tu aurais aimé faire ?
Jeune, j’ai été marqué par le modèle DDB instauré par le vieux Bill Bernbach. J’ai dévoré un livre tel que  » Remember those great Volkswagen ads« , une véritable bible de pub intelligentes et brillantes. Je ne suis pas de nature envieuse, mais j’aurai bien voulu faire 50% des Grands Prix à Cannes.
Ou la dernière pour Canal+ (l’Ours).

Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ? des gens qui t’inspirent ?
Mis à part l’ami Bill déjà cité, j’ai eu la chance de côtoyer Holden&Noël alors au fait de leur gloire. J’ai beaucoup appris d’eux, juste en les regardant travailler. Aborder un brief avec Olivier Altmann m’a aussi bien ouvert les yeux niveau film.

Avec qui aimerais tu travailler (créas réal photographe illustrateurs…) ?
De par ma nouvelle position de réal, je dirai avec n’importe qui a un script sympa à tourner. Ma recherche actuelle part sur des gens de cinéma, des chefs op’, des monteurs…

Mais en réals, j’aime bien ce que font LesUns

Si tu commençais maintenant dans la pub, tu irais où ?
Je tenterais bien ces agences un peu à part comme Buzzman, les grosses structures te noient un peu au début.
Les plus petites boites, elles cherchent, elles se débrouillent, elles ont une fraîcheur.

Que dirais tu a un team de stagiaire qui commence ?
Bien choisir son team, quand tu connais bien ton CR ou DA c’est une vraie force, tu gagnes du temps. Avec Rémy on est assez opposés en terme de caractère mais on aime les même choses, les même films on a les même références. C’est très important d’être soudés, c’est ce qui fait la force d’une équipe.