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//Interview mis à jour en 2018//

Bonjour Eric, tu es Directeur de Création chez BETC, quel a été ton parcours ?

Brevet de technicien en Expression Visuel à Auguste Renoir, suivit d’un BTS en Expression Visuel à Estienne (1986) dans la même classe que Jorge Carreno d’ailleurs.
Donc 3 ans après le bac, je commence les stage avec l’agence CFRP puis à 23 ans j’ai été engagé pour bosser dans une de leur micro filiale, j’y resterais 2 ans puis je bouge chez Diamant Verts avec Virginie Speight (une rédactrice) avec des budgets comme Kawasaki, Pioneer, 3 ans après je débarque chez DDB avec Virginie on y restera 4 ans.
Puis je bouge seul chez FCB (Virginie part faire autre chose) pendant 1 an où je rencontre Luc Rouzier.
En 2000, Betc cherchait des gens, j’y suis allé, puis j’ai fait venir Luc. On bossera 7 ans ensemble jusqu’à ce que Luc parte monter sa boite de prod son. On fera entre autre « la marche de l’empereur » de Canal + avec Romain Guillon et Pierre Riess. Puis 9 ans avec Jean-Christophe Royer (le Placard, l’Ours…). Et depuis mai 2017 avec Alexis Benoist.

Depuis combien d’années travailles tu dans le milieu de la publicité ?
30 ans

Tu travailles avec qui et sur quoi chez Betc ?
Avec Alexis Benoit sur Canal+, Peugeot, la française des jeux, Citroën mais j’ai travaillé sur à peu près tout les budgets de l’agence (forcement depuis le temps) Evian, Le Parisien, Air France, Ecpat, Décathlon, Ricard etc

Peux tu citer quelques une de tes campagnes de pub ?

https://youtu.be/uwSDBa2Gakw

 

Tu as de la famille des contacts proches qui travaillaient dans ce milieu avant d’y entrer ?
Mon père était graphiste, il est d’ailleurs lui aussi passé par l’école Estienne. Ma section formait directement à être directeur artistique, du coup je me suis naturellement dirigé vers la DA plutôt que le graphisme. Et je trouvais ça plus rigolo de chercher des idées et de les mettre en forme que de faire de la mise en page toute la journée.

Si tu commençais maintenant la pub tu ferais quoi ?

Je m’y reprendrais un petit peu différemment, j’irais directement faire le siège d’une bonne agence (type Betc, Ddb, Tbwa…) plutôt que d’aller dans une pourrie et essayer d’en changer.
Et peut être partir à l’étranger parce qu’entre temps on en a eu la possibilité. Il y a 15 ans la France n’avait pas de visibilité mondiale, ça c’est ouvert pour les créatifs français. À l’image de Fred&Farid, Damien Bellon et Thierry Albert qui sont allés briller à l’étranger. TBWA a participé à cette french touch’ en mettant une agence française numéro 1 à Cannes plusieurs années d’affilés, entre 2002 et 2005 à l’époque Erik Vervroegen.
(NDLR : de même que le film « le Placard ou l’Ours» a attiré les regards internationaux vers les créatifs français)

Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
Moi quand j’ai commencé, on collait des bouts de papiers, il n’y avait pas d’ordinateur. Puis internet, le web etc
Tout se fait beaucoup plus rapidement, ça s’est hyper professionnalisé, ce sont les même gens que tu retrouves chez le client ou en agences, du coup tu as des commerciaux qui sont comme des clients, c’est difficile pour sortir un bon truc maintenant.
Les réglementations sont chiantes, tu peux plus jeter un chapeau en l’air dans la rue pour montrer que tu es content, l’ARPP exige que le chapeau atterrisse dans une poubelle pour qu’il ne soit pas considéré comme un détritus. Internet est moins réglementé, on y est plus libre mais ça ne va pas durer.

Le Print va avoir plus de mal à vivre, les affiches vont peut être être remplacée par des écrans, comme à Bangkok où dans le métro tu as des télés. A Paris, dans le métro, les formats abribus commencent à être remplacés par des écrans. On arrive dans Blade Runner.

Tu as hésité a faire de la pub ?
Oui un peu illustration photo, mais après à Estienne nous étions assez directement formé à être directeur artistique.

Tu fais quelques chose en parallèle de ton métier ?
Je faisais de la batterie dans le célèbre groupe rock « les Pipos » composé de Francis De Light (guitare) et Stéphane Richard (voix). On fait de la musique depuis la sortie de l’école il y a plus de 20 ans. Francis et Stéphane étaient 1 an au dessus de moi à l’école donc on se connait depuis un bail.

« Le placard » est un gros succès mondial autant populaire que professionnelle (film le plus primé au monde en 2009), tu en gardes quoi comme souvenir.
C’est cool.

Dans ton métier quel est ton meilleur souvenir ? Et le pire ?

Pire : filmer du caca, du pipi, des pets (le parisien), Filmer des laborantins qui font des démos stupides.
Meilleur : des rêves de petits garçon, des batailles épiques, des courses poursuite de voiture.

Le truc qui t’a fait le plus halluciner ? Ce que tu pensais pas faire un jour ?
Tourner avec Scorsese et Oliver Stone.
Parler de sécheresse vaginale à la ménopause (le parisien).

Tu as des modèles de créas dans la publicité ?
Remi Babinet, Stephane Xiberras.

Quelle sont les pubs qui t’ont le plus marqué? Celles que tu aurais aimé faire ?


Tu penses que le milieu publicitaire va évoluer de quelle manière ?

il semblerait qu’avec les datas, internet, la géolocalisation,…les marques arrivent au consommateur encore plus directement qu’avant, au point que tu ne vas pas tarder à avoir une liste de course des produits que tu vas acheter au long de ta vie avant même d’être né, lisez « l’homme nu » de Marc Dugain.

Le néomarketing direct est en train de tuer la pub, le salut est dans la constructions et l’image des marques, à part ça c’est rigolo les datas ça bouge tout seul comme dirait Bao Tu NGoc :

http://flowingdata.com/2015/12/15/a-day-in-the-life-of-americans/

Tu peux envoyer un mail au Éric de 20 ans, tu lui dis quoi ?
Attention, surtout n’ai pas peur, tu viens de recevoir ce qu’on appelle un e-mail, c’est comme une lettre mais électronique, c’est virtuel en fait, ça n’existe pas vraiment, oui je sais c’est un peu compliqué, tu vas le recevoir dans une boite qui n’existe pas encore : un Personnal Computer, t’en auras plein mais qu’on s’appellera « Mac ».

…et à celui de 80 ?
Bravo ! Même pas mort !!

Et un conseil pour réussir dans la pub ?
Être riche, parce qu’avec les écoles privées et les 2 ans de stages faut pouvoir tenir, on peut d’ailleurs constater qu’il n’y a plus beaucoup de punks issus de milieu populaire, à la Gabriel Gaultier, pour secouer le cocotier dans les agences.