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Bonjour messieurs, quel ont été vos parcours perso/pro?


Sébastien
J’ai toujours voulu être créatif. Mais maintenant ça va mieux. En octobre 1988, j’ai abandonné mes études de culture et communication à Paris 8 au bout de trois semaines. Ensuite, j’ai chronologiquement vendu des fringues chez Agnès B, fait un voyage initiatique au Pakistan au cours duquel j’ai appris que je n’étais pas fait pour les voyages initiatiques, travaillé comme rédacteur dans une agence événementielle, rejoint mon ami Antoine Bardou-Jacquet chez H5, été engagé comme concepteur-rédacteur chez Publicis, été engagé comme concepteur-rédacteur chez Leo Burnett, écrit un roman, monté l’agence Melville avec Gabriel Granger et Roland de Pierrefeu et enfin, intégré l’agence Brainsonic en 2016.

Thomas
D’Angoulême à Paris en passant par Bordeaux, des cours pratiques de kinésithérapeute aux cours théoriques de management et d’économie, j’ai vécu la difficulté, comme beaucoup, de trouver ma voie. Merci maman et papa pour la patience.
Après plusieurs échecs, j’ai enfin su ce que je voulais faire : prendre du plaisir, en créant des choses. C’est arrivé pour la première fois dans ma chambre en apprenant à coder un site en HTML/CSS.
Fin 2016, je suis diplômé de l’école l’EEMI avec une spécialisation Webdesign et de l’école de commerce GEM. Pas forcément très cohérent avec mes activités d’aujourd’hui, mais ce parcours en crabe me correspond bien.
J’ai commencé en tant que designer web chez Octave&Octave, puis Fcinq (Australie.Gad), essayé l’entrepreneuriat en montant 2 sociétés avec d’anciens camarades d’école et continué mon parcours chez Brainsonic ou ma bifurcation vers la pub s’est opérée après ma rencontre avec Sébastien en 2016.

Tu as commencé quand la pub ?

Sébastien
J’ai commencé chez Publicis Conseil à la fin de l’ère pré-numérique en 1999.
Mais ça a vraiment commencé avec ma première grosse campagne pour Disneyland chez Leo Burnett. Une campagne d’accroches pour Halloween affichée dans toute la France. Un soir, un pote assez brillant qui faisait l’École normale me parle d’une pub qu’il a vu dans la rue et qui a retenu son attention : la sorcière de Blanche-Neige avec écrit dessus Quitte à être moche, autant être méchante. Il savait que je faisais de la pub mais ignorait que j’étais à l’auteur de celle-ci. Premier bonheur de créatif. Et puis quitte à faire de la pub, autant être méchant.
Thomas
J’ai commencé au début de l’ère post-numérique, bien après 1999. Captivé par les écrans qui m’entouraient, ça a commencé dès que j’ai pu comprendre ce que je lisais et voyais. Tout ça est devenu plus concret après les premières campagnes réalisées avec Sébastien et notamment la campagne Mauvaises raisons de donner pour Planète enfants développement : « Vous êtes méprisants et n’aimez pas les pauvres ? Faites-nous un don, il y en aura moins. ».

As-tu hésité à faire de la pub, tu aurais fait quoi à la place ?

Sébastien
Je ne savais pas trop quoi faire dans la vie. Pas d’école en tout cas (dans les années 90, c’était la voie royale pour devenir publicitaire). Je savais juste que j’aimais bien écrire. Mon portfolio à l’époque était peu fourni et je l’avais épaissi de quelques poèmes. L’un d’eux, Mélodies sous couette, parlait de prouts et avait arraché un sourire à Gabriel Gaultier, mais pas un stage.
Thomas
Vu mon parcours, je peux difficilement prétendre avoir toujours rêver de faire ça. Quand on est enfant on rêve de l’espace pas de l’espace publicitaire. C’est un métier qui a fait son chemin dans ma tête avec les années et qui aujourd’hui me rend heureux. Si j’avais dû écouter mes désirs d’enfants, aujourd’hui je serais « Bûcheron parapente », je vous laisse imaginer ce que ça pourrait être.

Vous travaillez sur quels budgets, avec qui ?  

On bosse avec Alban Pénicaut et les équipes créatives de l’agence sur Motorola, Lenovo, E.Leclerc, Leroy Merlin, Caisse d’Épargne, Center Parcs, Orange Bank, Bescherelle, Play-Doh, Pimkie, la Banane de Guadeloupe et Martinique, Croix Rouge, Label Emmaüs.

C’est viable un fort écart d’âge dans un team, c’est assez rare…

Sébastien
L’âge n’est pas (encore) un sujet entre nous. On s’est rencontrés chez Brainsonic. On a commencé à collaborer sur des petits sujets, puis des plus gros et aujourd’hui, on est en team depuis 6 ans en charge des gros comptes et des appels d’offres. Mais c’est vrai que je pourrais être son père et que ça fait de nous un team à part. Pour schématiser, je dirais que grâce à Thomas je n’ai pas besoin de télécharger TikTok ou d’écouter SCH (sans doute ai-je tort d’ailleurs) et lui n’a pas besoin de se taper l’intégrale de Houellebecq ou de Joël Séria (sans doute a-t-il tort aussi).
Thomas

Effectivement, c’est un sujet que l’on n’a jamais abordé parce qu’on a la même vision des choses et ça nous suffit. Et comme dirait Mbappé « Moi, tu ne me parles pas d’âge »

Citez-nous quelques-unes de vos campagnes :

Notre première grosse campagne est Mauvaises Raisons de Donner pour Planète Enfant Développement. Une campagne importante avec beaucoup de prix et de visibilité. Puis il y a eu l’activation Hack Friday pour Label Emmaüs qui a été multi primée aussi. Plus récemment, des campagnes pour Orange Bank, Bescherelle et d’autres et moins récemment pour Gleeden avec Melville.

Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des projets, des passions ?

Sébastien
J’écoute des podcasts en voiture et je pratique le golf à un niveau correct et seul de préférence.

Thomas
Je joue assez régulièrement aux jeux vidéo mais je suis très compét’ et je n’aime pas perdre. Petite préférence pour les MMORPG (les fameux MEUPORGUE https://youtu.be/HXstRfE9AVU?t=30) et surtout World of Warcraft et League of Legend sur lesquels j’ai plusieurs mois de jeux en heures cumulées entre mes 20 et 25 ans. Sinon, j’ai toujours dans la tête l’envie de recréer une entreprise un jour mais j’attends toujours l’idée…


Quel est le truc qui t’a fait le plus halluciner ?  

Sébastien
Avant, ceux qui prétendaient que la terre était plate prenaient du LSD, maintenant, ils suivent leur fil Twitter. Ce qui me fait halluciner, c’est l’hallucination collective produite par les écrans sur nos cerveaux. Et sinon, je suis halluciné de voir encore la pub Dior avec Johnny Depp. La campagne des masculinistes sur les réseaux pendant son procès n’y est sans doute pas pour rien.

Thomas
J’ai halluciné en voyant JCVD faire un grand écart entre 2 camions Volvo, le triplé de Mbappé en finale de coupe du monde, la tournée Alive 2007 des Daft Punk et le fait qu’ils se soient séparés.


Quelles sont les pubs que vous préférez, vos classiques ? 

En vrac, des affiches et des films qui nous ont marqués par leur génie synthétique, leur drôlerie.


Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ?

Sébastien

J’aime les affiches et l’humour féroce de Gabriel Gaultier. Il m’a donné envie à de faire ce métier et Georges Mohammed-Chérif me donne envie de le continuer. En dehors de la pub, parce qu’il n’y a pas que ça dans la vie, j’aime Martin Amis, Michel Houellebecq, Sempé, Franquin, Joël Séria, Truffaut, Rohmer, Blier père et fils, Spielberg, Depardieu, Ricky Gervais, Elvis, Prince, Gainsbourg, Katerine, Chassol, Herbie Hancock, Bach. Oui je sais ça fait beaucoup de mecs, mais je viens d’un autre monde.

Thomas
Je rejoins Sébastien -> Georges Mohammed-Chérif, parce que ce n’est pas uniquement de la pub pour publicitaire. Et sinon, Hayao Miyazaki parce que c’est trop beau, Pierre Niney, Johnatan Cohen et Blanche Gardin parce qu’ils ont un pouvoir comique sur moi, Christopher Nolan et Hans Zimmer parce que c’est des génies, Daft Punk parce que c’est mythique, Karl Lagerfeld pour les défilés incroyables au Grand Palais et enfin Eiichirō Oda parce que One piece.

À votre avis, le milieu publicitaire va évoluer de quelle manière ?

Plus d’IA, mais pas moins d’idées. Et tôt ou tard, la création d’un label humain : cette publicité a été conçue et fabriquée à partir de neurones 100% organique.

Tu peux envoyer un mail au toi de 18 ans, tu lui dis quoi ?  

Sébastien
Sois sûr de ce que tu veux, parce que tu l’auras.
Mais si je lui envoie ça par mail en 1988, il ne pourra pas le lire et tant mieux nom de Zeus !
Thomas

Va au concert des Daft Punk à Bercy, tu ne pourras plus les voir après.

Un conseil pour réussir dans ce métier ?

Sébastien
S’efforcer d’être au bon endroit au bon moment.
Thomas

S’amuser et faire les bonnes rencontres.