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Bonjour Mélanie, tu es DA chez .V. , quel a été ton parcours ?
J’ai un bac économique, parce que je voulais faire Maire de Paris.
Et puis finalement j’ai changé d’idée et je suis rentrée à Olivier de Serres pour étudier la communication visuelle.
Dans mon jury de fin d’études, il y avait Mathieu Vinciguerra qui cherchait un assistant, et qui a bien aimé mon projet de diplôme raciste. J’ai donc été embauchée chez Publicis auprès de lui et d’Olivier Dermaux au début de l’été 2010.
En face de moi dans l’open space, il y avait un autre assistant : Jean Weessa. On s’est dit qu’avec une blonde et un arabe, si une loi sur les quottas passait en France, on deviendrait les rois du monde. Du coup on a commencé à travailler tous les deux.
Pour exister au milieu des brutes de seniors de l’agence, on avait une grosse carte à jouer en digital. C’était un peu stratégique à la base, mais on s’est vite rendu compte qu’en bons geeks/Y/digital natives, c’était la branche de la publicité qui nous intéressait le plus. Et ça nous a permis de nous faire embaucher en team chez .V. cette année.
Qui a fusionné avec DDB, ou nous sommes actuellement.

C’est bien de commencer par une énorme agence ? dans ton cas Publicis.
J’ai trouvé ça bien oui. C’est assez violent dans les process, et pas évident d’y trouver sa place au début. Mais ça m’a permis de  rencontrer énormément de monde, et d’avoir un énorme cadeau de départ. Après, pour quitter la caste assistanat et avoir des vraies responsabilités, ça me semblait indispensable de partir dans une plus petite structure.

Tu veux dire un truc honteux sur Mathieu Vinciguerra ?
Rien n’est honteux chez Mathieu Vinciguerra (règle 46 du code d’honneur des Assistants Vinciguerra).

Il vaut mieux commencer par être assistant d’un team senior ou des stages en team junior ?
Ça dépend des profils, dira la normande que je ne suis pas. Les mecs qui sortent d’écoles de pub et à deux n’ont sans doute aucun intérêt à passer par la case assistanat. Maintenant pour ceux qui, comme moi, sortent d’écoles de communication visuelle et ont appris le graphisme culturel-sérigraphié-imprimé en 12 exemplaires reliés à la main, oui il faut être assistant. J’ai l’impression que c’est une étape indispensable pour avoir le temps de comprendre comment une agence fonctionne, ce qu’est une direction artistique publicitaire, et puis surtout pour pouvoir trouver un binôme de feu.

Depuis combien d’années travailles-tu dans le milieu de la publicité ?
Un an trois-quarts du coup.

Tu travailles avec qui et sur quoi ?
Je suis donc en team avec Jean Weessa.
On a été recruté pour faire un peu de tout, mais surtout pour renforcer le pôle digital de l’agence.

Parles nous de deux trois choses que tu as faites :
L’année dernière, c’était une année d’assistanat. J’ai donc découpé deux trois centaines de kadapak, à la fin presque droit.

Sinon j’ai fait un film, sur un malentendu :

L’histoire est plutôt chouette. J’étais en première année à l’école et je ne savais pas me servir d’X-press. Une vraie recrue de choc donc, choisie par Patrice Dumas. Il m’a laissé travailler sur un brief Canal+, et présenté un de mes scripts aux commerciaux, en leur faisant croire qu’il venait de lui. Le jour où ça a été vendu, il leur a révélé le pot aux roses. J’avais vingt ans, je ne connaissais rien à la pub, je n’ai rien compris de ce stage. C’était bien.

L’an dernier, j’ai créé un groupe Facebook avec des copains de DDB (Alexis Benbehe et Pierre Mathonat) : le pot de départ du troisième A. C’était une blague, mais c’est un des trucs qui m’a permis de comprendre un peu le digital et ses mécaniques. Une blague instructive en fait.

Tu as hésité a faire de la pub ?
Avant, je voulais être femme politique, mais il aurait fallu faire l’Ena. Puis sociologue mais je n’avais rien à dire. Et enfin journaliste à la radio, mais j’ai la voix d’un enfant de douze ans.
Ensuite mes études m’ont poussé vers le graphisme et l’édition, parce qu’à Olivier de Serres comme dans pas mal d’écoles d’art, c’est assez vulgaire de faire de la pub. Et puis quand Mathieu m’a proposé un CDI, évidemment je me suis auto-reniée et je n’ai pas hésité.
Ça ne fait pas deux ans, mais je ne comprends pas pourquoi je n’avais pas pensé à la pub plus tôt.

Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des centres d’intérêts ?
Je dessine quand j’ai du temps.
Je créée des groupes Facebook quand je n’en ai pas.

Dans ton métier quel est ton meilleur souvenir ? et le pire ?
Le meilleur, c’est quand j’ai reçu mon premier lion à Cannes.
Bon d’accord c’est faux, c’est le jour où Christian Vince m’a annoncé qu’il m’embauchait.
Le pire c’est à égalité :
1. Le trop long week-end entre l’annonce de Christian Vince et le jour où j’ai signé ma promesse d’embauche.
2. Un début de soirée chez Betc. Il faisait encore jour, j’étais sur la terrasse. J’ai voulu rentrer prendre un verre, et j’ai confondu la baie vitrée avec une porte. Je me suis donc explosé la face devant la moitié des créas de l’agence, en essayant de garder ma dignité (fail).

Le truc qui t’a fait le plus halluciner ? Ce que tu pensais pas faire un jour ?
Je ne pensais pas travailler un jour en banlieue.
J’hallucine, on peut y aller en métro !

Quelle sont historiquement, les pubs qui t’ont le plus marquées ? Celle que tu aurais aimé faire ?
En fait j’aurais adoré avoir un père Argentin et une mère suédoise. Pour pouvoir mesurer 1m80 et rouler les r à la fois d’abord, mais aussi pour le mélange que ça pourrait donner en terme de créa.
Le cas « Pecsi » m’avait vachement marqué :

sans doute aussi pour le fantasme de l’agence-force de proposition.
Et puis dans un autre genre, j’aurais rêvé de penser à the fun theory.

Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ? des gens qui t’inspirent ?
Les Yes men sont mes modèles ultimes, mais ça c’est quand j’avais encore des valeurs.
Depuis, ben David Droga. Mais c’est d’un banal…

Avec qui aimerais tu travailler (créas réal photographe illustrateurs…) ?
Je suis une fan absolue de Johnny Kelly, de Stefan Sagmeister et de Nadine Morano.
(Il y a un piège)

Si tu commençais la pub aujourd’hui, tu irais ou ?
Je ferais un stage chez l’Équipe pour pouvoir suivre les conversations sur le PSG.
Ou sinon j’irais en Argentine.

Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
Entre mes débuts et maintenant, il n’y a pas deux ans donc.
Du coup je n’ai pas noté de différence incroyable. J’ai plus d’amis Facebook, et des tickets-restaurants.

Tu n’es pas attirée par la pub à l’étranger ?
Si, à fond. J’attends d’être polyglotte pour foncer.
Mais l’idéal ce serait quand même d’y être appelé, donc d’avoir fait autre chose que des groupes Facebook.
Ou alors des groupes Facebook en espagnol, je vais y songer.

Tu penses que le milieu va évoluer de quelle manière ?
Mon côté optimiste espère un amenuisement des cloisonnements en agence.
Donc des créas qui pourraient intervenir dans la strat’, ou penser des réponses différentes (du design, de la musique ou je ne sais quoi), voire même concevoir des produits avec l’annonceur.
Mon côté pessimiste, c’est que la plupart des annonceurs ne sont pas prêts d’entendre ce genre de réponses, et que la bannière typo a de beaux jours devant elle.

Que dirais tu a un team de stagiaire qui veut percer dans le milieu publicitaire ?
Nous, on a trouvé du travail grâce au digital. Parce que c’est une compétence que les agences recherchent à fond, et qu’en France, il n’y a pas vraiment de formation de « concepteur digital ». On est tombé au bon moment c’est sûr, parce que d’ici quelques années les écoles se seront adaptées à ces nouvelles formes de pub. Et évidemment que tous les étudiants auront du web dans leurs dossiers. Du coup, je crois que les stagiaires doivent avant tout chercher les ressources qui manquent aux agences, et se glisser à fond dans la brèche.