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Jeanne a commencé par un BTS Design Graphique à Nantes. Elle s’est vite rendue compte qu’elle ne voulait pas passer sa vie derrière un ordinateur. Elle est donc venue à Lille pour le master de rédaction à Sup de Création, et passe maintenant sa vie devant une feuille de papier. De mon côté, j’ai fait un peu la Sorbonne en Cinéma et Théâtre, et un peu l’ISCOM Lille, avant de rejoindre Sup de Création en DA, parce que pour le coup, j’aiMe BeaUcOUp LeS OrdinAteurs. 

Une fois diplômés, direction Paris pour le stage de fin d’études chez Romance, c’était super.

On était encore un peu “verts” pour y être embauchés, donc on a postulé chez DDB pour bosser avec Pierre et Alexis. Beaucoup de choses se sont passées, mais s’il fallait résumer: six ans de travail acharné, d’amitiés, de super bons petits dejs, entourés de personnes exceptionnelles et talentueuses. Puis on a eu envie de voir autre chose… 
Direction Billund, au Danemark, pour rejoindre LEGO. Deux ans là-bas, c’était incroyable, mais l’effervescence de la ville nous manquait. Alors, on a filé à Londres, au début chez Vice Media, et on commence aujourd’hui une nouvelle aventure chez TBWA / Media Arts Lab, l’agence créée par Steve Jobs pour Apple.

Spoiler alert : oui. On est en couple, et on vient de fêter notre deuxième quinquennat. Ça fait huit ans qu’on travaille côte à côte, et on trouve ça toujours aussi dingue. On bosse ensemble, on vit ensemble. Je crois qu’on fait partie de ces couples qui sont à la fois meilleurs amis et amoureux.

On n’a pas de recette miracle, on se considère surtout très chanceux. On a vu pas mal de copains dire qu’ils voyaient plus leur team que leur moitié, et à chaque fois on se disait : « ah bah nous, on n’a pas ce problème ». Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il a fallu apprendre à s’écouter, à mettre nos égos de côté, à trouver les bons mots, mais c’est ce que font tous les couples, non ? 
À part ça, partager ses victoires comme ses échecs avec la personne qu’on aime, c’est quand même assez magique. On a les mêmes valeurs, beaucoup de points communs, mais aussi des centres d’intérêt différents, et je pense que c’est ce qui fait notre force.

Tim : Au début je pensais que la publicité s’arrêtait à ce qu’on voit à la télé, donc je vais pas vous mentir, j’étais pas trop chaud. Mais un jour on m’a montré des projets qui sortaient de l’ordinaire, des activations, avec de l’humour, de la rédaction, et moins de mentions légales. J’ai vu l’opportunité et j’y suis allé. Ce que j’adore c’est la possibilité de pouvoir toucher à tout: illustration, graphisme, rédaction, réalisation, 3D… Aujourd’hui la publicité, c’est tout et n’importe quoi, et j’aime beaucoup quand c’est n’importe quoi.

Jeanne : À la base, je rêvais un peu d’être artiste. Mais pendant mes études, on m’a vite fait comprendre que ça allait être compliqué d’en vivre. En revanche, tout le monde disait que dans la pub, il y avait plein d’emplois et plein d’argent… alors je me suis dit : vamos! Et au final, je nous considère un peu comme des artistes publicitaires. Ça sonne quand même plus cool que “publicitaires” ou “pubards”, non ?

Jeanne : J’aurais bien aimé être designer produit ou architecte, mais il fallait être bonne en maths et en physique… et ça, c’était clairement pas mon fort. Finalement, une fois dans la pub, j’ai trouvé ça super cool : les sujets, les gens, l’énergie… Et puis être payée pour trouver des idées marrantes, franchement, c’est plutôt chouette !

Tim : J’aurais adoré faire de la bande dessinée et des livres pour enfant. C’est toujours dans ma tête pour plus tard mais la publicité offre une liberté et polyvalence que peu de professions peuvent promettre. On en apprend tous les jours, on touche un peu à tout, c’est très agréable. Je me retrouve plus dans le métier de créatif que publicitaire, pour l’instant la pub nous offre encore des opportunités, et si un jour ce n’est plus le cas, alors on verra.

Tim : J’aime beaucoup dessiner, mais aussi tout ce qui touche à InTerNet. Je suis absolument fan de memes, j’ai même écrit un espèce d’essai sur eux. Sinon j’adore les jouets, les jeux vidéos / de société, les cartes Pokémon et Yu-Gi-Oh!, la bande dessinées… J’aime bien les objets de collection aussi, les LEGO (surtout quand la boite n’a jamais été ouverte), et les trucs bizarres que j’ai jamais vu auparavant. J’aime manger, de tout, mais pas de la purée, ça me fait vomir.
Bref, je viens de répondre à cette question et en me relisant, on dirait que j’ai 7 ans.

Jeanne : Je suis fan de ma mère, coucou Maman !

Et pour les choses un peu moins intéressantes qu’elle, j’adore la mode. Pas forcément celle des défilés, mais plutôt ce que les gens en font au quotidien. On peut être super bien habillé sans aller chez Chanel ou Miu Miu ! D’ailleurs, je vois souvent des gens mal habillés avec ces marques… faut le faire !
Et mon petit péché mignon : les serial killers et leur fonctionnement.
J’ai une sœur infirmière en hôpital psychiatrique (donnez plus d’argent à l’hôpital, by the way ), et j’ai toujours trouvé ça fascinant. Christophe Hondelatte le raconte super bien, et Ryan Murphy l’illustre à merveille. Sinon, j’aime aussi tout ce qui est fun et coloré, que ce soit dans l’illustration, les plantes, le mobilier, l’architecture… bref, dans tout! Tant que ça déclenche un sourire, j’aime ça !

Jeanne : Oui, on essaye au maximum ! Dans notre métier, 99 % des idées finissent à la poubelle, donc c’est souvent frustrant. Pour compenser, on crée par nous-mêmes. Si on pense à une idée de typographie, on la réalise comme notre Helvetikka Masala (jeanne-timothy.com/helvetikka) . Si on imagine une série de peintures sur assiettes, on le fait aussi (c’est en cours d’ailleurs). On fait des cartes Pokémon ou des cartes d’école de sorcières pour nos anniversaires… bref, on s’amuse !



Sinon, il y a deux ans, je me suis lancée le défi de lire toute ma bibliothèque avant de racheter un seul livre et j’y suis presque. J’en veux un peu à la Jeanne de 20 ans d’avoir acheté du Camus et du Zola, mais bon, je devais avoir mes raisons à l’époque. Créer quelque chose par soi-même, sans que personne ne nous l’ait demandé, juste pour soi, c’est vraiment agréable. On se considère plus comme créatifs que comme publicitaires, alors si on ne crée pas, on est frustrés.

Tim : C’est cool de faire des choses de nos mains, mon rêve serait d’ouvrir notre studio de design et de produire tout ce qui nous passe par la tête: assiettes, puzzles, jouets, truc bidules et machin choses… Sinon je suis très impliqué dans des projets web / tech. Autant dans le développement de VPN décentralisés, que dans la monétisation de l’industrie du jeu vidéo, je suis pas vraiment dans la partie technique même si j’adore ça, mais plus dans la communication et marketing.

J’ai aussi créé ma marque il y a quelques mois, Tokabu ‘The Spirit of Gambling’ c’est une mascotte spirituelle qui incarne le fait que dans la vie, tout peut arriver: ‘Life is the Biggest Casino’. C’est tout nouveau et c’est encore un peu brouillon, mais on travaille déjà avec quelques uns des plus grands joueurs de poker et casino dans le monde.

C’est un peu fou, stressant, et ça prend du temps, mais avoir la liberté de tout créer de A à Z, c’est tellement agréable. C’est surement un peu cliché pour un créatif mais j’aime créer et entreprendre. On travaille dur dans la publicité, c’est frustrant, et c’est important pour le moral de savoir produire par soi même, sans budget, sans réunion, créer par envie et pas par obligation, ça redonne le moral.

On va parler de nos campagnes préférées et, contre toute attente, celle où on a pris le plus de plaisir est celle de GRTgaz, au tout début de notre carrière chez DDB. Personne ne voulait de ce brief, le client n’avait pas énormément d’argent mais beaucoup de culot. Il voulait promouvoir le biogaz (un gaz produit à partir de déchets organiques). Alors on a transformé les animaux d’une ferme en billboards vivants pour qu’ils fassent passer le message. On les a même ramenés au Salon de L’Agriculture. 

On était une petite équipe et on s’est amusés comme de vrais citadins à la campagne. Encore aujourd’hui, on regarde cette campagne et on en est fiers. 


https://www.jeanne-timothy.com/the-power-producers-1


On a bien rigolé avec notre activation LEGO pour le 1er avril. On n’avait pas beaucoup de budget, mais il fallait faire quelque chose pour le social. On a envoyé un prototype de “Majestic Horse” à des influencers, sur la boite le cheval était grandiose. Mais à la fin, il avait la tête du Doge meme. Les influenceurs qui l’ont construit ont beaucoup ri, et c’est une vraie fierté d’avoir créé un set LEGO.

La dernière qu’on va citer sera Uber Toys, pour Noël on a recréé 6 voitures jouets en taille réelle: la voiture télécommandée, le camion de la ferme, le VAN de Barbie… Les gens pouvaient les commander sur l’appli Uber et faire leur trajet. C’était très cool. Mais ce qui l’était encore plus c’était de voir le sourire des gens à chaque coin de rue. 


https://www.jeanne-timothy.com/uber

Et il y en a d’autres, on a eu la chance de travailler avec des talents incroyables sur Monoprix, Galeries Lafayette, et Sécurité routière etc! Merci à eux.

Étrangement, les pires moments: ceux où tu ne dors pas, les galères pour trouver des idées, les pleurs après les debriefs, les compétitions, sont devenus, finalement, de bons souvenirs. Sur le moment, c’est un peu le cauchemar, il ne faut pas se le cacher, mais aujourd’hui, on regarde tout cela avec une certaine nostalgie. On a vécu tellement de choses chez DDB et LEGO, et maintenant, on en rigole… Et puis, les soirées au studio son, au Petit Village, les déjeuners de Noël organisés par Laroche chez DDB… C’étaient toujours un plaisir et une vraie récompense.

On ne peut pas répondre à cette question sans nommer ceux avec qui on a fait nos dernières années à Sup de Création et qui sont encore dans la publicité à nos côtés !
Guizmo, Reps, Thib, Céline, Barry, Framboise, Clem, Friss, Doudz entre autres! L’équipe de Romance et DDB, Vincent, Victor, Julien, Phil, Fred, Alex, Olive, Alex, Lulu, Thib, Mélanie, Alex, Nico, Yass, Hugues, Dub, Juju, Shad, Kyle, Shanel, Chacha, Toto, Jean, Jenna, Matt, Benoit, Alex, Steph.
On s’y perd mais les embrasse.

Jeanne : En vrai, je ne sais pas si ce sont des classiques, mais ce sont des campagnes que j’aurais aimé signer. Elles sont simples, insightées, bizarres, et rigolotes, donc je les aime !

The rewear chair de Uncommun Studio

A prescription for Nature de Uncommun Studio

Three, the Pony de Wieden Kennedy

Marmite: Smugglers d’Adam&Eve

Heinz, it has to be de Wieden Kennedy

https://lbbonline.com/news/heinz-triggers-britains-taste-memories-with-iconic-food-combinations

Tim: Mes refs sont pas modernes je vous l’accorde, mais une bonne blague, comme une bonne idée, ça perdure dans le temps

Buenos Aires festival internacional de cine independiente

The Gun Violence History Book

The Trillion Dollar Campaign

Horse Laugh -Volswagen

Tim : Oui beaucoup, tellement que mon cerveau ne sait même pas qui citer. Mais j’ai eu la chance de rencontrer les gens qui m’ont donné envie de faire de la pub et de travailler brièvement avec eux chez DDB. Ce qui est étonnant, c’est que j’ai jamais osé leur dire que c’était grâce à eux. J’imagine que j’étais intimidé, mais c’est plus facile de le dire à l’écrit, maintenant que j’en ai l’occasion… Merci Manu et J-F. (Courteau & Bouchet)

Jeanne : J’ai un vrai respect pour Mélanie Pennec. J’ai toujours trouvé ça dingue qu’il y ait si peu de femmes tout en haut dans la création. On a beaucoup bossé avec elle, et elle sait tout faire, c’est une machine! Sinon, j’adore Charlotte Perriand et Nadia Lee Cohen. Elles n’ont absolument rien à voir, mais elles sont toutes les deux très inspirantes !

Jeanne : Ne confonds pas passion et métier. On entend encore beaucoup de gens dire aujourd’hui : « Oh ça va, vous faites un métier passion vous ! » et c’est complètement idiot de penser qu’on peut donner toute sa vie à son travail simplement parce qu’on aime ce qu’on fait. Au bout du compte, on finit parfois par ne plus rien aimer et par perdre son identité.

Alors, comme on nous l’a souvent dit, et même si c’est un peu cliché et parfois difficile à appliquer, reste toi-même, fidèle à tes valeurs et à ce qui te fait vibrer. Accroche-toi, et tu trouveras forcément ta place. Si tu aimes les gros monstres roses et les plantes, ça finira toujours par se ressentir dans ton travail. Et surtout, n’oublie pas : si tu veux bosser avec les Anglais, ne sois pas trop « à la française ». Ils ont un peu peur de cette honest brutality si typique de notre pays !

Tim : En agence, il faut se forcer à trouver les idées les moins chère du monde. Moins il faut débloquer d’argent, plus c’est facile à vendre et produire. Et je pense pas qu’il y ait qu’une seule réponse créative, donc c’est important de réussir à prendre du recul sur ses idées, savoir mettre son ego de côté, accepter les critiques.

C’est pas facile tous les jours, il faut accepter, et jamais oublier ce qu’on aime, prendre le temps de se développer personnellement, parce que c’est ce qui forge son identité. Si vous faites un truc et que vous trouvez ça cool, il y a de grande chance que d’autres personnes trouvent ça chouette aussi, et inversement.
C’était plus qu’un conseil mais je crois que c’est ok.

Ah ! Aussi, si vous débutez, ou êtes étudiants, c’est normal si les gens en agence ne vous répondent pas sur LinkedIn. Enfin non, c’est pas normal mais c’est généralement ce qui se passe. Trop de fois on s’est fait ghost dans notre carrière et c’est vraiment pas agréable. Donc, si personne ne vous répond, écrivez moi, et je serai ravi de le faire pour eux. Peut être qu’on aura pas grand chose à se dire mais ce sera toujours mieux que pas de réponse du tout.